Bandcamp, site spécialisé dans la musique et propriété d’Epic Games depuis le mois de mars, vient d’obtenir gain de cause dans le conflit qui l’oppose à Google. Ce dernier concerne la nouvelle politique de facturation mise en place par la firme au sein du Google Play Store.

La nouvelle politique de facturation de Google passe mal

En effet, Google a décidé de mettre fin à sa politique non interventionniste concernant la taxe de 30 % sur les achats in-app : dès le 1er juin, les développeurs ne se pliant pas à cette mesure et refusant d’utiliser le moyen de paiement de Google verront leur application tout bonnement retirée du Play Store. Cela n’a pas du tout plu à Epic Games, l’éditeur de Fortnite qui a fait l’acquisition de Bandcamp en mars dernier.

Selon Epic, la décision de Google allait fortement impacter Bandcamp, qui en plus de proposer de la musique numérique, vend également des produits physiques comme des vêtements ou des vinyles. L’entreprise a donc décidé de déposer un recours contre Google, car elle estime que sa politique de facturation va avoir des répercussions très néfastes sur Bandcamp, dont le modèle économique diffère de nombreuses autres applications.

La réaction de Google à ce recours a été très véhémente ; l’entreprise affirmant qu’il s’agissait « d’une nouvelle plainte infondée de la part d’Epic », et rappelant que Bandcamp bénéficiait de frais de facturation à 10 % et non pas 30 % comme la majorité des applications, car elle participe au Media Experience Program de Play. Finalement, c’est Epic qui a remporté la première manche.

Des applications sur un smartphone Android.

Pour le moment, les utilisateurs Android pourront continuer d’acheter des produits sur Bandcamp sans difficulté. Photographie : Pathum Danthanarayana / Unsplash

Epic Games remporte la première manche

Comme le rapporte TechCrunch, Bandcamp pourra continuer à exploiter légalement son système de paiement existant sur les appareils Android jusqu’à ce que l’affaire entre Epic et Google soit résolue, selon un nouvel accord judiciaire. Pour l’heure, les utilisateurs de Bandcamp peuvent donc acheter de la musique et des produits dérivés sur la plateforme, et les artistes seront rémunérés de la même manière. En outre, Google ne pourra pas radier l’application Bandcamp du Google Play Store, ni retarder ou refuser de distribuer les mises à jour de son application.

Aussi, Bandcamp va placer les 10 % des revenus générés par les ventes numériques sur les appareils Android en dépôt fiduciaire jusqu’à ce que le procès d’Epic avec Google soit tranché. À ce moment-là, le tribunal déterminera qui des deux entreprises recevra ces fonds ; le procès vise à juger si le système de paiement de Google est anticoncurrentiel.

Apple et Google critiqués par les développeurs

Il y a peu, Match Group, maison-mère d’applications de rencontre telles que Tinder, Hinge ou OkCupid, est également parvenue à un accord avec Google pour les mêmes raisons. Match Group, à l’instar d’Epic, avait aussi déposé plainte contre la firme de Mountain View à cause de sa politique de facturation ; jusqu’au procès qui aura lieu en 2023, les applications du groupes pourront continuer d’utiliser leur propre système de paiement sans risquer d’être retirées du Play Store.

Epic Games est en guerre contre Apple et Google depuis l’été 2020, lorsqu’il a piégé les deux firmes en les forçant à retirer Fortnite de leur magasin d’application respectif, lui permettant d’engager des poursuites judiciaires à leur encontre. D’ailleurs, il est fort possible que l’acquisition de Bandcamp ait été réalisée justement pour pouvoir s’en prendre à Google devant un tribunal.

Epic Games est loin d’être la seule entreprise à critiquer les deux géants de la Silicon Valley ; une coalition comptant notamment Spotify ou encore Match Group s’est formée contre les deux firmes et la politique qu’elles exercent dans leur app store, considérée comme un comportement monopolistique. Google semble toutefois vouloir faire quelques efforts et a annoncé un programme pilote afin que certains développeurs puissent utiliser leurs propres systèmes de facturation, avec notamment la participation de Spotify.