YouTube a annoncé avoir supprimé près de 70 000 vidéos et 9 000 chaînes en lien avec la guerre en Ukraine depuis le début de l’offensive russe. La plateforme de streaming est l’un des seuls acteurs majeurs de la tech américaine encore accessible au pays de Vladimir Poutine.

Le contenu supprimé présentait le conflit du point de vue du Kremlin

C’est Neal Mohan, chef de produit chez YouTube, qui a annoncé la démarche de l’entreprise dans les lignes du Guardian. « Nous avons une politique relative aux événements violents majeurs et cela s’applique à des choses comme le déni d’événements violents majeurs : tout, de l’Holocauste à Sandy Hook (Ndlr : fusillade ayant eu lieu dans une école primaire américaine en 2012 causant 28 morts). Et bien sûr, ce qui se passe en Ukraine est un événement violent majeur. Et donc nous avons utilisé cette politique pour prendre des mesures sans précédent », a-t-il expliqué.

Ainsi, l’une des chaînes supprimées était celle du journaliste pro-Kremlin Vladimir Solovyov, et la majorité des vidéos retirées présentaient la guerre selon la narration mise en avant par la Russie, c’est-à-dire en tant qu’« effort de libération ». Mohan a par ailleurs précisé que 70 millions de personnes avaient visionné du contenu relatif à la guerre en Ukraine sur YouTube.

« La première responsabilité, et probablement la plus primordiale, est de s’assurer que les personnes qui cherchent des informations sur cet événement puissent obtenir des informations précises, de haute qualité et crédibles sur YouTube. La consommation de chaînes faisant autorité sur notre plateforme a augmenté de manière significative, bien sûr en Ukraine, mais aussi dans les pays entourant l’Ukraine, en Pologne, et aussi en Russie même », a-t-il continué.

YouTube est la plateforme vidéo la plus populaire en Russie

Avec 90 millions d’utilisateurs, YouTube est, de loin, la plateforme de streaming la plus populaire en Russie, à tel point qu’elle est encore intégrée au « Red web », l’Internet russe grandement contrôlé et régulé par l’État. Si la publicité n’est plus disponible sur le site en Russie, les Russes peuvent encore s’y rendre. Le ministre russe du développement numérique, Maksut Shadaev, a d’ailleurs déclaré que le pays ne bloquerait pas YouTube, malgré les litiges qui ont valu à la plateforme d’être condamnée à une amende pour ne pas avoir retiré des vidéos interdites, et malgré le fait qu’elle ait retiré les chaînes liées au Kremlin comme Sputnik et RT. Pourtant, des géants comme Twitter et Facebook ont été suspendus par le gouvernement russe.

« YouTube reste le plus grand site de partage de vidéos en activité en Russie même. Il s’agit donc d’un endroit où les citoyens russes peuvent obtenir des informations non censurées sur la guerre, y compris de la part des mêmes chaînes faisant autorité auxquelles nous avons tous accès en dehors du pays. Nous restons une plateforme importante pour les citoyens russes eux-mêmes alors que cette crise continue d’évoluer », a continué Neal Mohan.

Souvent critiquée pour la prolifération de fausses informations sur sa plateforme, YouTube essaye, depuis quelques années, de lutter contre la désinformation, notamment lors d’événements majeurs comme les élections présidentielles ou la pandémie de Covid-19.