Selon un récent rapport du Citizen Lab, un laboratoire de recherche basé à la Munk School de l’université de Toronton, plusieurs personnalités politiques chinoises dites « sensibles » seraient censurées sur les moteurs de recherche de Microsoft.

Une stratégie de censure de la part de Microsoft ?

Les chercheurs expliquent qu’il se peut que vous ayez du mal à rechercher des personnes considérées comme « politiquement sensibles » en Chine, si vous utilisez Bing. Cela même si vous êtes aux États-Unis ou au Canada. Les membres du Citizen Lab ont analysé le système d’autosuggestion de Bing et ils ont constaté que les noms de certains dirigeants du parti chinois (dont le président Xi Jinping) ainsi que ceux de l’opposition (comme le militant des droits de l’homme Liu Xiaobo ou encore le Tank Man) n’apparaissent pas automatiquement sur le moteur de recherche.

Les personnalités politiques chinoises constituent a priori la deuxième catégorie de noms censurés par la fonctionnalité d’autosuggestion, après les termes liés à la pornographie et à l’érotisme sur Bing. Le laboratoire a constaté que la censure s’applique également au menu « Démarrer » de Windows ainsi qu’à DuckDuckGo, deux systèmes qui utilisent le système d’autosuggestion de Bing. Ce qui est le plus frappant, c’est que ces restrictions s’appliquent à plusieurs régions du monde, dont la Chine, les États-Unis et le Canada.

Ce ne sont pas les premières accusations

En 2021, Microsoft avait déjà été accusé de censure par Jim Jordan, membre du Congrès américain au Parti républicain. Le géant américain était à l’époque accusé d’une censure pro-démocrate et d’une censure sur l’origine de la pandémie de Covid-19. L’homme politique accusait Microsoft d’avoir supprimé de LinkedIn des messages évoquant le rôle potentiel du laboratoire P4 de Wuhan dans la pandémie. L’année dernière, Microsoft a également été critiqué pour avoir bloqué les recherches sur le Tank Man dans des pays comme les États-Unis, la France et Singapour.

Microsoft avait alors attribué ce blocage à une « erreur humaine accidentelle » lorsque l’entreprise a abordé la question en conférence de presse. Jeffrey Knockel, associé de recherche principal du Citizen Lab, a qualifié de « réel danger » le fait que les règles de censure soient transposées d’une région du monde à l’autre. Enfin, il estime que si « Microsoft ne s’était jamais engagé dans des opérations de censure en Chine, il n’y aurait certainement jamais eu de raison que cette stratégie se répande dans d’autres régions du monde ».