La Luna Foundation Guard (LFG) a annoncé le 16 mai avoir utilisé plus de 3 milliards de dollars en bitcoins pour tenter de sauver, en vain, son stablecoin TerraUSD de l’effondrement. Sur les 80 394 bitcoins que la fondation possédait, il ne lui en restait plus que 313, lundi.

80 000 bitcoins dépensés en vain

3 milliards de dollars ont été dépensés pour éviter l’affaissement du stablecoin TerraUSD et Luna, la cryptomonnaie sur laquelle il est adossé. Pour rappel, le 12 mai, les deux actifs numériques se sont écroulés. La valeur du TerraUSD, qui devait être fixée à 1 dollar, a baissé de 99,8% pour se stabiliser autour des 0,15 dollar. Quant au Luna, la cryptomonnaie ne vaut désormais presque plus rien, passant de 80 euros à 0,0001 centime.

Pour tenter d’éviter cette catastrophe, la LFG a déclaré avoir transféré, le 8 mai, 50 000 bitcoins pour négocier avec une contrepartie. Elle déclare dans un fil twitter que les fonds ont été utilisés « directement pour exécuter des échanges on-chain et que les bitcoins transférés à une contrepartie lui ont permis d’effectuer des transactions en grande quantité et à court terme avec la Fondation ». Elle ajoute que le 12 mai, 30 000 bitcoins supplémentaires ont été vendus par Terraform Labs, l’entreprise derrière le Luna, « dans un ultime effort de maintenir son prix ».

Trop tardives, ces tentatives se sont avérées infructueuses. Les investisseurs avaient déjà commencé à liquider leurs stocks de TerraUSD et de Luna, entraînant un effet boule de neige.

Mais que s’est-il passé ?

Si le stablecoin TerraUSD, pensé pour apporter de la stabilité sur le marché de la cryptomonnaie, s’est effondré, c’est parce que celui-ci n’est pas adossé à une monnaie fiduciaire à l’inverse des autres stablescoins.

D’après The Register, TerraUSD est un stablecoin algorithmique créé pour s’échanger contre des jetons Luna. Les deux actifs étaient liés par un contrat intelligent qui était censé maintenir le prix du TerraUSD près du dollar sans réserve de monnaie fiduciaire.

Les documents explicatifs du Luna présentent le protocole ainsi : « le protocole Terra (NDLR, deuxième appellation de Luna) utilise les forces fondamentales du marché de l’offre et de la demande pour maintenir le prix de Luna. Lorsque la demande de Luna est élevée et que l’offre est limitée, son prix augmente. Lorsque la demande de Luna est faible et que l’offre est trop importante, son prix diminue. Le protocole garantit que l’offre et la demande de Luna soient toujours équilibrées, ce qui conduit à un prix stable ».

Cela a créé des opportunités d’arbitrage, une stratégie d’investissement prenant avantage sur la différence de prix de plusieurs marchés pour générer du profit. Ainsi, certaines personnes ont trouvé un moyen de faire des bénéfices en échangeant ces jetons sur Anchor, un des trois protocoles principaux de l’écosystème Luna. Ce dernier rembourse 20% d’intérêt à ses utilisateurs permettant aux quelques malins de faire un profit de 20 centimes sur chaque jeton échangé.

Le 7 mai, 2 milliards de dollars de TerraUSD étaient échangés depuis le protocole Anchor entraînant une offre bien plus importante que la demande et donc une baisse du taux d’intérêt. Pris d’un vent de panique, les investisseurs ont tenté d’échanger leurs stablecoins contre des Luna mais la blockchain a été submergée par les requêtes et les deux actifs numériques se sont effondrés.

Ce krach dans le secteur de la cryptomonnaie a servi de cas d’école de la volatilité de ce marché. Janet Yellen, secrétaire du Trésor des États-Unis, s’est adressée au Congrès afin d’exprimer la nécessité d’avoir un cadre de régulation pour ce genre de pratiques financières.