Sans faire de bruit, Pékin travaille depuis quelques années sur une plateforme qui doit faciliter le déploiement de la blockchain au sein du pays. Selon les informations de CNBC, cette plateforme a néanmoins des ambitions mondiales.

Une plateforme de blockchain commune à toutes les entreprises chinoises ?

Elle s’appelle Blockchain-based Service Network (BSN). Les partisans de cette technologie affirment qu’elle peut contribuer à apporter transparence et rapidité à des processus généralement lents et coûteux, tels que les transferts d’argent transfrontaliers. La blockchain peut également permettre l’exécution de tâches de manière très rapide et automatisée, si certaines conditions sont remplies. Pékin considère notamment que cette technologie est essentielle dans des domaines tels que la finance, la banque et les échanges mondiaux. Justement, la plateforme BSN s’adresse aux entreprises qui exploitent une infrastructure de cloud computing.

Il peut s’agir d’un grand acteur du cloud (comme Amazon ou Microsoft), ou d’une entreprise qui gère son propre cloud privé ou son intranet. Yifan He, CEO de Red Date Technology, une entreprise qui a contribué au développement du BSN, précise que « nous sommes convaincus que la technologie blockchain est si puissante qu’elle va changer tout l’Internet et presque toute l’architecture des systèmes informatiques ». Paul Triolo, responsable tech au sein du cabinet de conseil Albright Stonebridge, explique que « la blockchain est très importante pour la Chine. Les responsables gouvernementaux veulent que les entreprises chinoises s’en servent pour résoudre des problèmes du monde réel ».

Un guichet unique pour déployer des applications dans le cloud

Finalement, cette plateforme de blockchain se présente comme un « guichet unique » pour déployer des applications dans le cloud, un processus qui pourrait, sans une telle technologie, être coûteux et long. Pékin souhaite également résoudre un problème majeur, celui de l’interopérabilité (ou le fait de faire fonctionner différentes blockchains les unes avec les autres). Par exemple, si deux banques disposent d’applications construites sur des technologies différentes, elles risquent de ne pas pouvoir fonctionner l’une avec l’autre.

L’infrastructure BSN permet justement d’établir un pont entre les différentes blockchains. Alors que les blockchains dans le monde des cryptomonnaies sont pour la plupart décentralisées, celles de BSN seront probablement entièrement centralisées, afin de conserver le soutien des autorités chinoises. Pékin compte bien conserver un pouvoir absolu sur cette plateforme, qui aura certainement un rôle très important à jouer dans les années à venir, pour l’économie chinoise.

Néanmoins, Garrick Hilleman, chercheur et spàicliaste de la blockchain, affirme qu’il y a une « incompatibilité fondamentale entre l’ambition de la Chine de soutenir un écosystème national de développement de la blockchain et la nature décentralisée de la technologie blockchain ». Il estime que si la Chine veut devenir un leader mondial de la technologie blockchain, elle devra apprendre à vivre avec le « pouvoir perturbateur et la décentralisation du contrôle » qui sont intrinsèques à la blockchain.