Le Space Launch System (SLS) sera-t-il le dernier lanceur développé par la NASA de l’Histoire ? C’est ce que semblent penser certaines personnes en interne… En cause, des coûts bien trop élevés ainsi que de nombreux retards.
Un énième retard… celui de trop ?
Le SLS est, pour l’heure, la fusée la plus puissante jamais construite. Son objectif est de transporter des astronautes, qui se trouveront à bord de la capsule Orion, installée en haut du lanceur, jusqu’en orbite lunaire aux alentours de 2025 (cette date est très fortement susceptible de changer). Elle est donc un élément majeur du programme Artemis qui, en plus de ramener l’être humain sur la Lune, prévoit d’y construire une base permanente en vue de prochains vols habités vers Mars.
Commandé il y a douze ans par le Congrès américain, le SLS devait effectuer sa première mission, consistant à propulser Orion en orbite lunaire, ce mois de mai, mais celle-ci ne devrait finalement pas se produire avant le mois d’août au plus tôt. En effet, la fusée a été installée sur son pas de tir en mars dernier pour que les équipes de la NASA puissent effectuer une batterie de tests ainsi qu’une répétition générale avant le lancement, mais tout ne s’est pas passé comme prévu. La fusée a rencontré quelques soucis techniques qui ont poussé l’agence spatiale à la ramener dans son bâtiment d’assemblage.
Les prochains tests sont prévus pour début juin, et il n’est pas garanti qu’ils soient concluants.
Le SLS coûte une somme astronomique à la NASA
Bien sûr, de tels retards sont courants dans le domaine spatial, mais il faut également prendre en compte le fait que désormais, les entreprises privées sont elles aussi capables de construire des fusées pour des coûts plus bas et surtout, plus rapidement. L’exemple le plus frappant est bien entendu SpaceX, qui réalise des lancements à une fréquence inédite et est désormais le moyen de transport des astronautes américains pour se rendre jusqu’à l’ISS grâce à un contrat avec la NASA.
Le succès de l’entreprise est notamment dû à la réutilisabilité de son lanceur Falcon 9, qui permet de drastiquement faire baisser les coûts des lancements. Réalisé en partenariat avec Boeing et Northrop Grumman, le SLS a de son côté coûté un montant estimé à 22,3 milliards de dollars à la NASA. Par ailleurs, les quatre premières missions SLS devraient chacune coûter plus de 4 milliards de dollars pour être exécutées, une somme qualifiée d’« insoutenable » par Paul Martin, l'inspecteur général de la NASA.
À ces coûts, viennent également s’ajouter ceux de la capsule Orion, elle aussi opérée par la NASA, qui s’élèvent à plusieurs milliards de dollars.
Le vaisseau Starship de SpaceX est l'alunisseur du programme Artemis. Image : SpaceX
Starship plutôt que le SLS ?
Désormais, le Wall Street Journal rapporte que certains anciens responsables de l’agence spatiale, ainsi que de l'industrie, affirment que de tels projets de fusées sont de moins en moins réalisables, en raison des retards pris par le projet SLS et de la hausse des coûts. Selon eux, il serait plus judicieux de confier cette mission à des entreprises privées comme SpaceX. « L'industrie du lancement est à un point où la technologie est si mature qu'il n'est peut-être pas nécessaire que le gouvernement américain y investisse. Il se peut que nous soyons à un point de basculement avec cette fusée », a ainsi déclaré Dan Goldin, un ancien administrateur de la NASA.
Si certains restent optimistes, en assurant notamment que les coûts seront amenés à baisser à l’avenir, notamment car des éléments de la capsule Orion sont réutilisables, force est de constater que des alternatives peut-être moins onéreuses se proposent à la NASA. SpaceX est actuellement en train de développer son propre lanceur super lourd, Starship. Ce dernier est d’ailleurs impliqué dans le programme Artemis puisqu’il devrait être chargé d’acheminer les astronautes depuis l’orbite lunaire jusqu’à la surface de la Lune, grâce à un contrat établi à 2,9 milliards de dollars.
Contrairement au SLS, Starship sera entièrement réutilisable… et donc beaucoup moins cher. Néanmoins, l’entreprise n’a pas encore opéré de vol orbital de son prototype, le SLS reste donc, à l’heure actuelle, la seule alternative à la NASA… Mais pour combien de temps ?