C’est une première depuis la création de son Conseil de surveillance, « l’Oversight Board » en 2020, Meta a annulé une demande d’avis consultatif sur sa politique de modération. La demande concernait la situation en Ukraine, le réseau social a fait valoir dans un billet de blog publié le 11 mai que cette décision a été prise en « raison de problèmes de sûreté et de sécurité persistants ».

Que se passe-t-il chez Meta dans le traitement de la guerre en Ukraine ?

L’attitude de Meta dans cette affaire surprend. L’entreprise n’a donné aucun détail sur les problèmes de sûreté évoqués, pas plus qu’elle n’en avait donné sur sa demande initiale. Une démarche inhabituelle pour une situation qui l’est tout autant.

The Verge rappelle que des fuites avaient révélé l’existence de cette demande d’avis à l’Oversight Board en mars 2022. Sans en connaître le contenu, la demande suivait de près une polémique à propos de la guerre en Ukraine.

Reuters a dévoilé au mois de mars que les modérateurs de Facebook et Instagram avaient reçu des consignes pour assouplir temporairement les règles autour des appels à la violence. Précisément, il s’agissait des appels à la violence envers des militaires russes ainsi que des dirigeants du pays. Une nouvelle qui n’avait pas plu du tout à Moscou.

L’Oversight Board, créé et financé par Meta, mais constitué d’une vingtaine d’experts indépendants, spécialiste des droits de l’Homme, juristes, anciens politiques… a fait part de son mécontentement dans un communiqué.

Le conseil de surveillance se dit déçu par la décision de retirer la demande, bien qu’il affirme comprendre les préoccupations de Facebook. Il a tenu à ajouter, « Le Conseil note également que le retrait de cette demande ne diminue pas la responsabilité de Meta d’examiner attentivement les questions de modération de contenu en cours qui ont été soulevées par cette guerre, que le Conseil continue de suivre ».

L’autorité de l’Oversight Board est toute relative

L’Oversight Board a été inventé à l’image de la Cour suprême des États-Unis. Il doit régler les litiges de modérations entre les utilisateurs et Meta. Le réseau social peut saisir lui-même le conseil. Depuis sa création il a publié plusieurs avis, une trentaine sur des questions épineuses. Il a notamment validé la suspension du compte de Donald Trump, mais l’a voulu temporaire (2 ans).

L’influence réelle de ce conseil de surveillance est régulièrement questionnée. Meta n’est pas obligé de suivre ses recommandations. L’entreprise doit simplement présenter publiquement pourquoi elle a oui ou non suivi un avis. Cette volte-face unilatérale de Meta, le secret qui l’entoure, ainsi que l’impuissance manifeste de l’Oversight Board face à cette décision ne risque pas d’améliorer sa réputation.