La NASA a dévoilé une image capturée par le télescope James-Webb du Grand Nuage de Magellan, une galaxie naine satellite de la Voie Lactée. Alors que le télescope en est encore à sa phase de tests, ce visuel permet de se rendre compte de ses incroyables capacités. Il a ainsi réalisé un alignement « parfait », selon les scientifiques, qui ont organisé une conférence de presse pour s’exprimer sur le sujet.

Un « très bel exemple scientifique » des capacités du télescope James-Webb

L’image a été effectuée par le Mid-Infrared Instrument (MIRI) du télescope James-Webb, l’instrument le plus froid qu’il embarque qui se concentre sur la lumière dans la région de l’infrarouge moyen du spectre électromagnétique, c’est-à-dire la lumière décalée vers le rouge de galaxies lointaines, d’étoiles en formation et de comètes faiblement visibles.

Cette image a été comparée à un autre visuel de la même région de l’Univers capturée par le télescope Spitzer, lancé par la NASA en 2003 et désormais à la retraite, qui se spécialisait dans la lumière infrarouge. La différence entre les deux visuels est frappante. Celle du télescope James-Webb montre la chimie du gaz interstellaire de manière incroyablement détaillée, y compris l’émission de molécules de carbone et d’hydrogène appelées « hydrocarbures aromatiques polycycliques », considérés comme certains des éléments constitutifs de la vie.

« C’est un très bel exemple scientifique de ce que Webb nous apportera dans les années à venir », a déclaré Chris Evans, responsable scientifique du télescope à l’Agence spatiale européenne lors de la conférence de presse. « Nous avons réalisé de nombreuses études sur la formation d’étoiles et de planètes dans notre propre galaxie, mais ici, nous l’examinons dans les nuages de Magellan, une petite galaxie externe, dont la composition chimique est moins évoluée que celle de notre Voie Lactée. Cela nous donne donc une chance d’examiner les processus de formation des étoiles et des planètes… dans un environnement très différent de notre propre galaxie », a-t-il continué.

Des photographies de l'espace prises par deux télescopes différents.

À gauche, le Grand Nuage de Magellan capturé par le télescope Spitzer, à droite, par le télescope spatial James-Webb. Image : NASA’s James Webb Space Telescope / FlickR

Bouleverser nos connaissances de l’Univers

En plus d’être doté d’instruments plus pointus et d’un miroir primaire bien plus large que Spitzer, le télescope James-Webb est également dans de meilleures dispositions pour observer la lumière infrarouge avec davantage de clarté grâce à sa position. Il se trouve au point de Lagrange 2, à environ 1,5 million de kilomètres, où il peut rester au frais, un élément essentiel pour que ses instruments puissent fonctionner avec efficacité.

Lancé le 25 décembre dernier, le télescope James-Webb a voyagé près d’un mois pour atteindre sa résidence actuelle, il est encore en train d’effectuer une batterie de tests de mise en service, une phase baptisée « commissioning ». Observant l’Univers de l’orange du spectre visible à l’infrarouge moyen, le télescope devrait être capable d’observer jusqu’à il y a 13,5 milliards d’années pour voir les premières étoiles et galaxies se former dans l’obscurité de l’univers primitif.

En plus de nous permettre de comprendre les origines de l’Univers, il va également aider les chercheurs à analyser l’évolution des galaxies, le cycle de vie des étoiles ainsi que d’étudier les exoplanètes. Désormais, le télescope James-Webb va prendre des images de ses cibles scientifiques, appelées observations préliminaires. Il s’agira non seulement des premières images de ces dernières, mais aussi des premières images traitées en couleur. En effet, s’il voit le cosmos dans les longueurs d’onde de l’infrarouge et du proche infrarouge, les images seront traduites en lumière visible, explique Gizmodo.

Le télescope spatial James-Webb.

Le télescope James-Webb devrait nous permettre de faire d’incroyable découvertes dans différents domaines de l’astronomie. Image : NASA

Qu’est-ce qui attend le télescope James-Webb ?

Dans un futur proche, les équipes de chercheurs vont aussi tester la capacité du télescope à suivre les objets de notre système solaire, tels que les planètes, les satellites, les anneaux, les astéroïdes et les comètes. De cette manière, ils pourront s’assurer qu’il est capable de le faire correctement, car il est particulièrement sensible à la lumière des étoiles.

« Nous mesurerons également les changements dans l’alignement du télescope lorsque nous le pointerons vers différents endroits », a expliqué Evans. Ainsi, il oscillera entre des attitudes légèrement plus chaudes et plus froides, afin de savoir à quelle vitesse ses miroirs se réchauffent et se refroidissent lorsqu’il se déplace dans l’espace. Pour l’heure, tout se passe comme prévu et le télescope pourrait commencer son travail officiel dans deux mois environ.

Le télescope James-Webb a été conçu pour fonctionner pendant cinq ans au minimum, mais son lancement ultra-précis signifie qu’il pourrait avoir assez de carburant pour rester en position pendant plus de 20 ans. Nul doute que pendant ce laps de temps, il permettra de bouleverser les connaissances de l’humanité sur le cosmos.