L’entrepôt new-yorkais d’Amazon qui a vu naître début avril un premier syndicat fait face aux contres attaques du géant de l’ecommerce, à la politique toujours aussi antisyndicale. D’après des témoignages d’employés recueillis par le New York Times dans cet entrepôt de Staten Island, Amazon aurait licencié six leaders du syndicat Amazon Labor Union (ALU). Le National Labor Relations Board (NLRB) soutient l’ALU qui accuse la firme d’avoir recours à des menaces pour dissuader les salariés de se syndiquer dans un second entrepôt.

Amazon mène une campagne de dissuasion

Plus d’une demi-douzaine de cadres supérieurs impliqués dans la création de l’ALU auraient été licenciés par Amazon jeudi 5 mai. Cette information provient d’anciens et actuels employés qui ont témoigné sous couvert d’anonymat par peur des représailles. Certains de ces cadres travaillaient chez Amazon depuis plus de six ans. Ils ont été remerciés dans le cadre d’un « changement organisationnel », expliquent deux employés.

Début mai, un second entrepôt d’Amazon à Staten Island a échoué à former son syndicat. D’après les chefs du mouvement, cela s’explique par la présence moins importante de dirigeants syndicaux à dix contre trente par rapport au premier entrepôt. L’ALU a expliqué ne pas avoir pu concentrer plus d’effort dans la création de ce nouveau syndicat, car il lutte dans les deux entrepôts de Staten Island. Amazon tente par tous les moyens d’affaiblir le syndicat déjà formé et veut empêcher la création du second.

Le NLRB, l’agence américaine chargée du droit du travail, a estimé que de nombreuses accusations du syndicat à l’encontre d’Amazon sont fondées. Amazon aurait violé le droit du travail en organisant une réunion avec les employés pour les persuader de ne pas se syndiquer.

Le NLRB encourage vivement les travailleurs à dénoncer ce type de pratique de la part des entreprises. La société aurait menacé des employés de licenciement s’ils votaient pour la formation d’un syndicat. Elle a aussi distribué des flyers et lancé un site internet pour les convaincre. Amazon est expérimenté en matière de lutte antisyndicale. En 2020, une enquête avait révélé l’ampleur de la surveillance des mouvements sociaux en collaboration avec la tristement célèbre agence de sécurité Pinkerton.

L’ALU exige de meilleures conditions de travail

Amazon emploie plus d’un million de personnes aux États-Unis et a déjà prouvé qu’il se préoccupe peu des conditions de travail. Il a été jugé en 2021 pour avoir imposé des quotas de productivités et avoir caché que des employés étaient contraints à uriner dans des bouteilles. Que les six cadres d’Amazon aient été licenciés pour leur engagement syndical ne surprendrait personne. L’entreprise prétend que le syndicat les empêche d’établir une relation de confiance et de communiquer avec les employés, elle a d’ailleurs déclaré, « nous ne pensons pas que les syndicats sont la meilleure réponse pour nos employés. Notre objectif reste de travailler directement avec nos équipes pour continuer à faire d’Amazon un endroit agréable où travailler. »

L’ALU milite pour une amélioration des conditions de travail. Le syndicat veut obtenir des pauses plus longues, des congés payés pour les employés qui se sont blessés au travail et un salaire minimum de 30 dollars de l’heure. À titre de comparaison, le salaire moyen à Staten Island se situe à 45 dollars de l’heure.

Amazon a répondu qu’il avait déjà fait des efforts dans ce sens. L’entreprise dit avoir investi dans les salaires et dans certains avantages comme les soins de santé, l’épargne retraite et un programme de financement des frais universitaires pour permettre aux employés de poursuivre leurs études.

Si les accusations de licenciement abusif par Amazon sont fondées, il pourrait y avoir des suites juridiques. De son côté, le géant de l’ecommerce accuse le NLRB d’avoir interféré dans le vote qui a conduit à la création du premier syndicat. Une audience se tiendra fin mai pour vérifier les accusations faites par la plateforme.