Le gendarme de la Bourse américaine, la Securities and Exchange Commission (SEC), a ajouté plus de 80 entreprises sur une liste d’entité risquant l’exclusion du marché boursier américain, rapporte Reuters le 5 mai. Les sociétés chinoises y sont particulièrement représentées du fait des tensions sino-américaines.

Les entreprises chinoises coincées par la rivalité sino-américaine

La mesure est provisoire, mais forte. Plus de 80 entreprises ont été ajoutées à une liste redoutée de la SEC, celle des menaces d’exclusions. En vertu d’une loi de 2020, le Holding Foreign Compagnies Accountable Act, le régulateur a la possibilité de retirer des marchés américains les sociétés de juridictions étrangères ne respectant pas les normes d’audit local trois années de suite.

Cet avertissement cible surtout les entreprises chinoises. Dans la dernière liste, se côtoient le plus grand fabricant de panneaux solaires mondial, Jinko Solar, la China Petroleum & Chemical Corp, le site Bilibili, la société de jeux NetEase et le géant JD.com.

Ce dernier a déclaré le 5 mai que « La société continuera à se conformer aux lois et règlements applicables en Chine et aux États-Unis, et s’efforcera de maintenir son statut de cotation à la fois au Nasdaq et à la Bourse de Hong Kong ».

Ces entreprises se retrouvent coincées entre les mésententes sino-américaines. Tandis que les États-Unis exigent d’un côté plus de transparence sur les audits des entreprises cotées, la Chine impose d’elles une protection extensive de leurs informations confidentielles, au nom de la sécurité nationale.

Reuters rappelle qu’en décembre la SEC estimait à 274 entreprises chinoises menacées d’être rejetées les bourses américaines d’ici à 2024. De quoi remettre en cause des centaines de milliards de dollars d’investissements américains au sein de ces sociétés.

La Chine a besoin de la bourse américaine

La Chine a conscience du problème. L’Empire du Milieu cherche avec les États-Unis une solution à ce blocage. Les deux pays discutent d’un accord opérationnel pour coopérer sur la supervision des audits.

Pékin pourrait avoir la main un peu moins lourde sur les exigences de confidentialités imposées à ses sociétés. La Chine serait également prête à autoriser les inspections de l’autorité de régulation des audits, le Public Company Accounting Oversight Board, sur son territoire, au sein des sièges sociaux des organisations concernées. Le pays apparaît comme l’un des rares qui refusaient jusqu’à présent.

Du côté chinois on escompte conclure l’accord dans le courant de l’année 2022. En mars, Reuters a appris que la Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières chinoise a convoqué plusieurs géants locaux pour les préparer à partager davantage d’information lors des audits. Parmi les entreprises présentes, Alibaba, Baidu, Weibo et JD.com, qui devrait donc pouvoir régler son litige avec la SEC prochainement.