Lorsque Jack Dorsey, cofondateur et ancien PDG de Twitter, a félicité Elon Musk pour le rachat de l’entreprise le 25 avril, c’est évidemment via le réseau social. Les deux figures de la Tech américaines auraient noué une amitié depuis un ou deux et partageraient une ambition proche pour l’avenir de Twitter.

Cancre, Elon Musk DM Jack Dorsey en pleine réunion

L’amour d’Elon Musk pour Twitter n’était pas un secret. Le milliardaire a commencé à être actif sur la plateforme en 2015. Il a débuté en relayant les réussites de ses entreprises, Tesla et SpaceX principalement, puis a élargi le spectre en livrant ses réflexions ou ses trolls à ses 90 millions d’abonnés actuels.

Son amour pour le réseau social lui a valu quelques problèmes. Il a été poursuivi par la Securities and Exchange Commission, le gendarme de la bourse américaine, à cause de ses tweets sur Tesla en 2018. Ce qui ne l’a pas empêché de supprimer le service presse du constructeur en 2020, estimant que son compte Twitter suffirait, en partie, à le remplacer.

C’est aussi à partir de l’année 2020 qu’une relation amicale va naître entre Elon Musk et Jack Dorsey, toujours PDG de Twitter. Les deux hommes échangent de plus en plus sur leur plateforme favorite, pour discuter des évolutions à lui apporter. Une correspondance prolongée une fois Jack Dorsey gentiment poussé par la porte par le Conseil d’administration fin 2021.

Selon les informations du Wall Street Journal, il n’est pas rare d’apercevoir Elon Musk en train de discuter par message privé avec son nouvel ami. Ensemble ils partagent la conviction que la gestion de Twitter serait plus efficace s’il devenait une société privée, comme à ses origines.

Ils se représentent Twitter comme un bien public, dont les intérêts boursiers court-termistes gâchent le potentiel. Le 26 avril, l’une des premières choses qu’expliquera Dorsey c’est « Twitter soit une entreprise publique a toujours été mon plus grand problème et mon plus grand regret ». Il ajoute, « Le reprendre des mains de la bourse est déjà le premier pas positif ».

Il continue évoquant l’image qu’il se fait de Twitter, « par principe, je ne crois pas que quiconque devrait posséder ou diriger Twitter. Le réseau doit être un bien public au niveau du protocole. Cependant, Elon est la seule solution en laquelle j’ai confiance. J’ai confiance en sa mission de faire porter plus loin la lumière de la conscience ». Un écho au propre communiqué d’Elon Musk, publié la veille, « Twitter est la place publique numérique où sont débattues les questions vitales pour l’avenir de l’humanité ».

L’avenir de Twitter est plongé dans l’incertitude

Les deux hommes partagent également les éléments de la vision politique libertarienne. Les deux sont des chantres d’une liberté d’expression absolue. En janvier 2021, lorsque Donald Trump est exclu de Twitter à la suite des événements du Capitole, Jack Dorsey était initialement contre cette mesure avant de changer d’opinion. Du côté d’Elon Musk cette décision l’a beaucoup énervé.

Selon le Wall Street Journal, un groupe surnommé la « mafia PayPal », proche d’idées politiques similaires, aurait imité Jack Dorsey en encourageant Elon Musk à reprendre Twitter. Parmi eux se trouve des anciens de l’entreprise de paiement fondée par le milliardaire, les investisseurs Peter Thiel et David Sacks, Steve Jurvetson, ancien membre du Conseil d’administration de Tesla et actuel de SpaceX et le frère d’Elon, Kimbal Musk.

Cette vision extensive de la liberté d’expression enthousiasme l’extrême droite, impatiente de s’en donner à cœur joie, des deux côtés de l’Atlantique. Une perspective inquiétante.

Elon Musk a pour le moment déclaré que cette liberté d’expression serait conforme aux lois nationales. Le PDG est par ailleurs connu pour suivre son instinct sans plan préétabli, où l’improvisation tient une large place. Jack Dorsey aura l’occasion de juger si les idées de son nouvel ami vont dans le sens du Twitter dont il a toujours rêvé. Lui, en tout cas, touchera un joli chèque de 1 milliard de dollars à l’issue de l’opération grâce à ses parts.