Incroyable, mais vrai : Pékin serait prêt à assouplir, ou tout du moins à ralentir, l’arrivée de nouvelles réglementations contre ses géants du numérique. Cette décision est liée à la stabilité économique de la Chine, mise à mal par la situation sanitaire sur place.

Chacun devra faire un pas vers l’autre

Le Politburo, l’organe décisionnel suprême du Parti communiste Chinois (PCC) s’est réuni sous l’égide de Xi Jinping le vendredi 29 avril. Ce rendez-vous au sommet visait à prendre des mesures pour atteindre un taux de croissance de 5%, malgré le confinement total ou partiel de 19 provinces, de 180 millions de personnes, dont les 26 millions d’habitants de Shanghaï.

Parmi ces décisions, celle d’assouplir le harcèlement réglementaire subi par les géants du numérique depuis 18 mois. Pékin a annoncé vouloir encourager le « développement sain » de plateformes internet.

En parallèle du Politburo, le South China Morning Post a révélé l’organisation prochaine d’un symposium réunissant autour d’une même table l’Administration chinoise du cyberespace, potentiellement Xi Jinping en personne et Alibaba, Tencent, Meituan, ByteDance…

Cette rencontre devrait intervenir à l’issue des vacances accompagnant la fête du Travail en Chine, après le 4 mai. Pour les autorités, le cadre actuel pourrait ne plus évoluer, au moins pendant un temps. Des mesures récentes, comme la limitation du temps d’exposition des jeunes Chinois aux applications pourrait être suspendue. Les amendes pourraient suivre, une bonne nouvelle pour Tencent, directement menacée.

En contrepartie, Pékin attend plusieurs choses de ses géants numériques. À court terme, le soutien à l’économie. Par exemple, en lien direct avec la pandémie, ils seront invités à distribuer des bons de consommations pour les populations confinées. Le pouvoir local de Shenzhen a commencé à collaborer avec Meituan et JD.com.

Le Wall Street Journal croit savoir, également, que Pékin souhaite recevoir 1% des parts de ses grandes entreprises du Web et un rôle dans les prises de décisions. ByteDance et Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, l’ont déjà fait, Tencent et Meituan sont pressentis pour les imiter.

Xi Jinping en course pour un 3e mandat (à vie) à la tête de la Chine ?

Pour le pouvoir l’intérêt est évident : il s’agit de s’assurer que ses lignes directrices sont bien respectées. Pour les entreprises l’accord présente également un avantage, celui d’avoir une vision plus acérée des changements d’orientations politiques et donc réglementaires, du gouvernement.

Un argument qui pourra rassurer les investisseurs, devenu frileux depuis la reprise en main du secteur de la Tech par la Chine. Des milliards de dollars en valeurs ont été perdus en 2021 à la bourse de New York et Hong Kong pour ce dernier.

Selon un rapport de l’académie chinoise des technologies de l’information et des communications, les sociétés numériques chinoises ont levé 3,51 milliards de dollars au premier trimestre 2022, un an plus tôt le chiffre était de 15 milliards de dollars, soit 76,7% en moins. Le vendredi 29 avril, après ces diverses révélations, le cours d’Alibaba a grimpé de 15,7%, celui de Tencent de 11,1% et pour Meituan 15,5%.

Le 16 mars, à l’occasion d’une déclaration du Conseil d’État, le vice-premier ministre Liu He avait plaidé pour une réglementation de la Tech « transparente et prévisible ». Au-delà des considérations liées au Covid-19, Xi Jinping, pourrait vouloir assurer une certaine stabilité économique afin de briguer un potentiel 3e mandat lors du 20e Congrès du PCC, en novembre 2022.