Amazon envisagerait d’augmenter la fréquence des publicités sur son service de streaming Twitch. Bloomberg a eu l’opportunité d’échanger avec des personnes proches de la plateforme. D’après elles, la société de Jeff Bezos serait en pleine réflexion pour apporter des changements au modèle économique de Twitch. La rémunération des plus gros streamers par abonnement pourrait leur rapporter moins d’argent et les spectateurs seraient alors exposés à encore plus de publicités.

Les utilisateurs bientôt noyés sous la publicité ?

Streamers comme spectateurs vont potentiellement voir leur expérience utilisateur se dégrader dès cet été sur Twitch. Une rémunération plus faible pour les premiers et plus de publicités pour les seconds. C’est ce que rapporte Bloomberg, à la suite d’un échange avec des sources anonymes qui travaillent avec la plateforme de streaming. Le mot d’ordre de cette nouvelle stratégie selon eux : inciter les streamers à lancer plus de publicités.

Aujourd’hui ce sont les créateurs de contenus qui ont le pouvoir de choisir la fréquence d’apparition de publicités lors de leurs émissions. Même si certains streamers ont pris la décision de ne jamais lancer de publicités lorsqu’ils sont en direct, car ils estiment gagner assez d’argent via les abonnements et les dons, ils vont peut-être devoir changer leurs habitudes.

La publicité sur Twitch a toujours été sujette à polémique. Dès qu’une pub se lance, elle empêche les spectateurs de suivre le direct. Ils peuvent alors rater des moments forts ou des performances, surtout s’il s’agit d’une compétition d’eSport. Ainsi, beaucoup de streamers font le choix de ne pas noyer leurs spectateurs sous les contenus publicitaires pour ne pas se les aliéner.

Seule solution, à ce jour, pour éviter la publicité en tant que « viewers » : s’abonner à son streamer ou à sa streameuse favorite. Se faisant le spectateur n’est plus exposé à la moindre publicité, au prix de 3,99€ par mois en France. Pourtant d’après les informations relayées par Bloomberg, l’abonnement sera bientôt moins rentable pour les streamers partenaires avec Twitch.

Les différentes catégories de Twitch

Image : Twitch.

Une moins bonne répartition des revenus

La répartition des revenus liés aux abonnements, qui pour le moment est de 70% pour les plus gros streamers, pourrait passer à 50% pour ces mêmes steamers. Un changement qui se ferait au détriment des vidéastes, qui pour pallier cette perte seront incités à lancer davantage de publicités. Amazon a conscience que cette nouvelle peut déplaire et reviendrait alors sur un autre point phare de sa politique.

Les streamers partenaires avec Twitch auront la liberté de diffuser leur direct sur d’autres plateformes, même concurrentes, comme Youtube ou Facebook Gaming. Il y a encore quelques années les GAFAM se faisaient la guerre en se réservant les services des plus gros streamers contre plusieurs millions de dollars. Ils voulaient en faire les porte-étendard de leur plateforme. En 2019, Mixer, plateforme de streaming de Microsoft qui a fermé un an plus tard, avait déboursé 50 millions de dollars pour s’offrir le streamer américain, Ninja.

Si cette proposition n’est pas suffisante, la plateforme envisagerait aussi de donner un revenu supplémentaire aux streamers partenaires qui lanceront des publicités. Elle pourrait aussi faire le choix de donner un bonus, de manière occasionnelle, aux streamers qui ont été les plus efficaces. Enfin, même si aucun détail n’a été donné, il pourrait exister différents paliers de partenariat avec des conditions spécifiques à chacun.

Les discussions chez Twitch pour modifier le système de partenariat existent depuis plusieurs années. Il y a un vrai problème d’équilibre entre vie et travail chez les streamers.  En 2021, la baisse du prix de l’abonnement de 5€ à 4€ a encouragé les streamers à diffuser plus longtemps pour gagner autant. Certains sont en direct plus de douze heures par jour, avec parfois des conséquences néfastes sur leur santé, voire un burn-out, comme le rapportait Numerama. En réponse, il y a des hypothèses pour payer les soins de santé des streamers ou encore la possibilité de pouvoir mettre en pause temporairement les abonnements pour ne pas faire perdre de soutiens.

Twitch en position dominante

Si Amazon se penche sur ces questions, c’est en lien avec la situation financière de Twitch. Les coûts de maintien de la plateforme sont extrêmement élevés. La société estime avoir suffisamment fait grandir la plateforme et elle veut dorénavant la rentabiliser dans le temps. Elle sait que Twitch est en position dominante dans le secteur du streaming. Cela explique qu’elle n’a pas peur de susciter la colère des streamers.

Le streaming connaît un véritable succès depuis la pandémie. Bloomberg précise qu’il y a actuellement 51 500 streamers partenaires sur Twitch et que 24% des internautes américains, âgés de 16 à 64 ans, ont déclaré avoir regardé du contenu en streaming pendant la crise sanitaire.

Amazon a bien compris que le streaming est un secteur qui continuera à grandir dans le futur. L’eSport est l’un des facteurs de croissance de plateformes comme Twitch. Le streaming de compétition de jeu vidéo touchera 532 millions de spectateurs d’ici fin 2022, selon les prévisions de l’analyste Newzoo. Des prévisions qui confortent Amazon dans sa gestion actuelle de Twitch, qui veut en faire un atout économique majeur.