Une première pour un pays africain. La République centrafricaine a annoncé, mercredi 27 avril, l’adoption du Bitcoin comme une monnaie légale. Le texte de loi « établit le cadre légal qui régit les cryptomonnaies ». Le Bitcoin est donc aujourd’hui une monnaie officielle de la Centrafrique, au même titre que le franc CFA. Le pays africain n’est que le deuxième au monde à prendre une telle initiative, après le Salvador en 2021. Toutefois, de nombreuses questions sur l’intérêt d’une telle reconnaissance, par l’un des pays les plus pauvres du monde, subsistent.

La République centrafricaine, premier pays africain à adopter le bitcoin

La loi a été adoptée de manière « unanime » par les députés présents, selon le communiqué du ministre d’État et directeur de cabinet de la présidence, Obed Namsio. La présidence s’est félicité que, « La République centrafricaine (…) est aussi le premier pays au monde à adopter à l’unanimité le projet de loi qui gouverne la cryptomonnaie ».

Dans le monde, la Centrafrique rejoint le Salvador, le premier pays à prendre cette décision. Un acte qui déjà à ce moment-là avait suscité l’ire et l’inquiétude de plusieurs organisations, dont le Fonds monétaire international (FMI). Il a dénoncé une initiative qui risque de nuire à la « stabilité financière, l’intégrité financière et la protection des consommateurs ». Comme pour anticiper les critiques, le gouvernement centrafricain s’est réjoui d’une démarche qui « place la République centrafricaine sur la carte des plus courageux et visionnaires pays au monde ».

Une adoption loin de faire l’unanimité

En République centrafricaine, les transactions en Bitcoin, qui ne seront pas soumises à l’impôt, doivent faciliter les transferts en euros, dollars ou francs CFA, selon le ministre Gourna Zacko. Ce dernier a aussi évoqué un intérêt pour « les activités de commerce en ligne » et « les contributions fiscales ».

Dans le pays cette loi ne plaît pas à tout le monde. Des membres de l’opposition veulent contester le texte devant la Cour constitutionnelle. « Cette loi est une manière de sortir du franc CFA (…), ce n’est pas une priorité pour le pays, cette démarche interroge : à qui profite le crime ? », a affirmé l’ancien Premier ministre Martin Ziguélé, aujourd’hui député de l’opposition.

Au-delà de l’opposition, plusieurs banques occidentales craignent que le Bitcoin ne serve à contourner les sanctions prises à l’encontre de la Russie, notamment dans le domaine de l’énergie. Les liens entre la Centrafrique et la Russie sont connus, avec la présence depuis 2018 de groupes paramilitaires russes et notamment du plus célèbre, Wagner.

Sans tenir compte de ces liens avec la Russie, des questions subsistent encore. Comment la Centrafrique va-t-elle relever le défi technologique que représente une adoption des cryptomonnaies ? Le pays, classé comme le deuxième pays le moins développé au monde, est en proie à une guerre civile depuis 2013. Surtout, l’adoption d’internet en République centrafricaine, pourtant essentiel pour l’utilisation de cryptomonnaies, ne s’élève qu’à 7,1% des 5 millions d’habitants, selon DataReportal. Si le gouvernement compte donc réellement sur le Bitcoin, de nombreux défis restent à relever pour une utilisation optimale.