21 employés du studio de jeu vidéo derrière le développement de Call of Duty: Warzone vont voter pour faire reconnaître officiellement leur syndicat. Raven Software, entreprise appartenant à Activision Blizzard, a reçu l’autorisation du National Labor Relations Board (NLRB) pour organiser une élection syndicale. Les salariés concernés par le vote du 29 avril appartiennent exclusivement au pôle assurance qualité du studio.

Premier syndicat dans le monde du jeu vidéo américain à gros budget

En janvier 2022, la division en charge de l’assurance qualité chez Raven Software a créé la Game Workers Alliance, premier syndicat américain de travailleurs du jeu vidéo au sein d’une entreprise qui produit des jeux AAA (jeux à gros budget). Récemment rachetée par Microsoft, Activision Blizzard, société à l’actualité tumultueuse, n’a jamais reconnu ce syndicat. Celui-ci est soutenu par le Communications Workers of America (CWA), plus grand syndicat américain des travailleurs du monde des médias et de la communication.

Le National Labor Relations Board a autorisé la vingtaine de testeurs en assurance qualité à organiser un vote syndical, rapporte le New York Times. Jennifer Hadsall, directrice du NLRB, a exprimé son désaccord avec Activision. L’entreprise a en effet tenté de mettre un terme à la syndicalisation des employés. Elle a par exemple dispatché les testeurs en QA (Quality Assurance) au sein de Raven Software alors qu’ils ont toujours travaillé en tant que membres d’une même équipe.

Pour le NLRB, il s’agit clairement d’une tentative d’affaiblissement de la mobilisation des employés. Parmi les autres manœuvres pour entraver la création d’un syndicat, Activision a émis le souhait que l’organisation intègre la totalité des 230 employés du studio. TechCrunch précise qu’il faut plus de 50% des voix pour remporter l’élection. En augmentant le nombre de votants, Activision souhaite rendre la majorité plus difficile à obtenir.

Un rôle crucial dans le développement des jeux vidéo

Le vote se tiendra donc par mail le 29 avril et le 20 mai pour un dépouillement des voix fixé au 23 mai. La Game Workers Alliance a déclaré qu’il « est maintenant temps pour la direction de Raven Software de mettre un terme à ses tentatives pour nous empêcher d’exercer nos droits. Nous avons hâte de voter pour notre syndicat et de gagner. »

Pour rappel, la création du syndicat a été motivée par plusieurs raisons. En décembre 2021, soixante personnes ont démissionné en protestation de la décision d’Activision de mettre fin à douze contrats temporaires de travailleurs en assurance qualité. Une démarche du géant du jeu vidéo qui avait été considérée comme « brutale et sévère » par les employés.

L’autre raison provient de la pratique du crunch, période de travail intensif, durant cinq semaines sur le développement de Call of Duty: Warzone avec beaucoup d’heures supplémentaires. Moment durant lequel les testeurs en QA, en charge de tester les jeux dans les moindres recoins pour repérer tous les bugs, ont pris conscience du manque de valorisation de leur travail, par rapport à leur rôle crucial dans l’industrie du jeu vidéo.

Activision tente d’affaiblir le mouvement

Un porte-parole d’Activision a déclaré que l’entreprise était « déçue qu’une décision qui pourrait impacter significativement le futur de tout le studio allait être prise par moins de 10% des employés » et il a ajouté que l’entreprise est en train de voir si elle peut faire appel de la décision.

L’éditeur de jeux vidéo rappelle que plus tôt en avril, il a amélioré les conditions de travail en Quality Assurance. 1 100 contrats en QA ont été convertis en emplois à temps plein et leur salaire minimum a été augmenté à 20$ de l’heure. Seuls les testeurs de Raven Software ne bénéficient pas de cette augmentation. L’entreprise prétend ne pas avoir pu le faire à cause de l’intervention du NLRB dans le processus de syndicalisation des employés. Sur ce point précis, la CWA accuse Activision de faire preuve de tromperie pour tenter d’affaiblir le mouvement syndical.

Suite au rachat d’Activision Blizzard par Microsoft, le géant de la tech a déclaré qu’il n’empêcherait pas la formation d’un syndicat. L’éditeur de Call of Duty est devenu à son insu un des protagonistes majeurs dans l’histoire de la syndicalisation des travailleuses et travailleurs du jeu vidéo aux États-Unis.