Après avoir proposé de racheter Twitter pour 43 milliards de dollars (40 milliards d’euros), Elon Musk s’active désormais afin d’assurer le financement dont il a besoin pour aller au bout de sa démarche. Selon un document déposé auprès des autorités américaines ce jeudi 21 avril, consulté par Reuters, c’est chose faite !

Elon Musk choisit le financement par la dette

Le New York Times, après s’être entretenu avec plusieurs sources proches du dossier, avait déjà annoncé qu’une offre allait être déposée dans la semaine. Dans cette optique, la banque d’investissement collaborant avec Musk, Morgan Stanley, s’est activée pour contacter des banques et d’autres investisseurs potentiels pour consolider le financement de l’offre.

Le milliardaire a évalué les différents types de dettes, y compris des dettes de premier rang appelées dettes privilégiées et un prêt contre ses actions de Tesla (ce qui pourrait au passage déplaire aux actionnaires du constructeur). Finalement, l’homme le plus riche du monde s’est engagé à mettre 33,5 milliards de dollars, dont 21 milliards de dollars de sa poche et le reste en prêts sur marge. Plusieurs banques, dont Morgan Stanley, ont accepté de fournir 13 milliards de dollars sous forme de dette garantie par Twitter.

Changer Twitter en profondeur

Elon Musk amasse des actions du réseau social depuis le mois de janvier et est devenu l’actionnaire majoritaire de la plateforme il y a peu avec 9,2 % de ses actions. En réponse, le PDG de Twitter, Parag Agrawal, a invité le milliardaire à rejoindre le Conseil d’administration de l’entreprise. Étonnamment, Elon Musk a refusé et a proposé, à la place, de racheter la plateforme et de la rendre privée, c’est-à-dire qu’elle ne sera plus cotée en bourse.

Un smartphone ouvert sur Twitter.

Elon Musk souhaite changer Twitter pour davantage y promouvoir la liberté d’expression. Photographie : Joshua Hoehne / Unsplash

Le PDG de Tesla et de SpaceX a de grandes ambitions pour Twitter, réseau social qu’il utilise très fréquemment et sur lequel il possède 82,7 millions d’abonnés. Musk veut que les utilisateurs de la plateforme puissent s’y exprimer plus librement ; pour rappel, Twitter a pris de nombreuses mesures pour tenter de mieux réguler les contenus haineux qui pullulent sur la plateforme. Dans ce sens, il partage une vision similaire à celle du PDG de Twitter : ils veulent décentraliser le réseau social afin que les utilisateurs puissent avoir davantage de contrôle sur leurs flux de médias sociaux, une tactique que les deux hommes considèrent comme un moyen de promouvoir une plus grande liberté d’expression.

Cette démarche permettrait également de réduire la charge de travail de Twitter, qui a dû faire face à des questions concernant les contenus toxiques et la désinformation, pour décider quels messages peuvent rester en ligne et lesquels doivent être supprimés. Par ailleurs, l’homme d’affaires enchaîne les tweets provocateurs, en sondant par exemple ses 81,6 millions d’abonnés pour savoir s’ils seraient favorables à l’ajout d’une fonctionnalité permettant de corriger un tweet déjà publié. Une fonction que Twitter refusait jusqu’à présent de tester.

La dernière ligne droite d’un chemin semé d’embûches ?

Si ses plans pour le réseau social ne sont pas encore très clairs, Elon Musk a précisé que le profit n’était pas son but ultime, ce qui a pu compliquer ses efforts pour attirer les financiers traditionnels. De son côté, le Conseil d’administration de Twitter n’a pas rejeté l’offre de Musk, mais il a tout de même utilisé la tactique dite de la « pilule empoisonnée ». Cette dernière empêcherait le milliardaire de détenir plus de 15 % des actions de Twitter.

Un rachat de Twitter, s’il est structuré comme une acquisition par emprunt traditionnel, est potentiellement la plus importante opération de ce type depuis au moins vingt ans. Elle est aussi difficile à financer pour tout acheteur, explique le New York Times. Le réseau social n’a pas le profil financier typique des acquisitions financées par emprunt : ses revenus ne sont pas stables et ont même récemment baissé, ce qui a pu refroidir les potentiels financiers.

Enfin, le passif d’Elon Musk peut aussi jouer contre lui : en 2018, il a en effet tenté de privatiser Tesla et a tweeté « financement assuré ». Cela avait propulsé les actions de Tesla à la hausse alors que le financement pour une telle opération n’était finalement pas prêt. La Securities and Exchange Commission (SEC), l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, a par la suite intenté un procès pour fraude boursière contre le milliardaire, l’accusant d’avoir trompé les investisseurs. Il a finalement dû payer une amende de 20 millions de dollars et a accepté de se retirer de la présidence de Tesla pendant trois ans.

A-t-il pris le risque de jouer le même coup ? L’obstination du milliardaire sur le sujet laisse en tout cas supposer qu’il a la motivation, et désormais l’argent, nécessaire pour mettre la main sur Twitter.