Ce mercredi 20 avril, les employés de l’Apple Store situé au centre commercial Cumberland à Atlanta, dans l’État de la Géorgie, ont déposé une demande d’élection pour se syndicaliser. Leur démarche s’inscrit dans un vaste mouvement de syndicalisation outre-Atlantique.

Une demande de syndicalisation par « amour » pour Apple

Ainsi, 70 % des 107 employés éligibles du magasin ont signé des cartes auprès du National Labor Relations Board, agence indépendante du gouvernement fédéral américain chargée de conduire les élections syndicales et d’enquêter sur les pratiques illégales dans le monde du travail, pour signifier leur intérêt à se syndicaliser. Une élection va donc être tenue auprès des employés afin de savoir s’ils se joignent au Communications Workers of America (CWA), le plus grand syndicat des communications et des médias aux États-Unis. En cas de résultats positifs, ces employés deviendraient les premiers de chez Apple à rejoindre un syndicat.

Les salariés de l’Apple Store expliquent qu’ils le font par « amour » pour leur employeur, puisqu’ils souhaitent continuer d’y travailler tout en pouvant avoir leur mot à dire sur des décisions qui les concernent. « Un certain nombre d’entre nous sont ici depuis de nombreuses années, et nous ne pensons pas qu’il faille rester à un endroit si on ne l’aime pas. Apple est un lieu de travail profondément positif, mais nous savons que l’entreprise peut mieux se montrer à la hauteur de ses idéaux et nous sommes donc ravis de nous associer à nos collègues pour amener Apple à la table des négociations et faire de cet endroit un lieu de travail encore meilleur », explique Derrick Bowles, un employé de l’Apple Store d’Atlanta.

« Apple embauche les personnes les plus cool qui ont les capacités, les pensées et les idées les plus étonnantes. Ce qui m’a vraiment amené à la table du syndicat, c’est le fait que tous ces esprits incroyables se réunissent pour s’assurer que, non seulement nous avons la force du nombre, mais aussi que nous savons ce qui est le mieux pour nous », déclare Elli Daniels, autre employée du magasin.

Entreprise la plus valorisée au monde, Apple ne cesse de voir ses revenus augmenter. En 2021, la firme a généré 366 milliards de dollars de chiffre d’affaires, une profitabilité immense dont les employés des magasins aimeraient également profiter.

Le siège social d'Apple en Californie.

Le siège social d’Apple, situé à Cupertino en Californie. Photographie : Carles Rabada / Unsplash

Les employés d’Amazon dans l’Alabama ont inspiré de nombreuses personnes

Comme l’explique CNBC, les travailleurs de l’Apple Store d’Atlanta se sont largement inspirés des employés de l’entrepôt Amazon situé à Bessemer dans l’Alabama. Ces derniers ont en effet tenté de se syndicaliser mais n’y sont pas parvenus ; malgré cela, il semblerait que leurs efforts aient inspiré d’autres travailleurs du secteur de la tech.

Depuis, les salariés d’un entrepôt new-yorkais d’Amazon ont choisi de se syndicaliser, tandis que les employés d’un autre Apple Store, à New York également, ont eux aussi entamé les démarches pour y parvenir. Ces derniers demandent, entre autres, un salaire minimum de 30 dollars de l’heure ; actuellement, les employés des magasins Apple peuvent gagner de 17 à plus de 30 dollars de l’heure, en fonction de leur expérience. Ils espèrent en outre obtenir des avantages plus considérables, comme de meilleurs frais de scolarité, des congés plus accessibles ainsi que des options de retraite plus avantageuses.

En plus des Apple Store à New York puis à Atlanta, les employés d’au moins deux autres magasins de la marque à la pomme ont entamé des démarches pour se syndicaliser.

Dans un contexte difficile, les jeunes travailleurs américains s’intéressent de plus en plus aux syndicats

« Nous sommes heureux d’offrir une rémunération et des avantages très solides aux employés à temps plein et à temps partiel, notamment des soins de santé, le remboursement des frais de scolarité, un nouveau congé parental, un congé familial payé, des attributions annuelles d’actions et de nombreux autres avantages », a déclaré un porte-parole d’Apple. Outre ces propos, la société n’a, pour l’heure, pas réagi face aux démarches de syndicalisation de ces employés.

De son côté, Amazon a explicitement indiqué être contre la syndicalisation de ses travailleurs, et a même été accusée d’avoir eu recours à des pratiques douteuses pour les manipuler lors des votes. Comme l’explique Vice, de plus en plus de jeunes salariés, issus des générations Y et Z, s’intéressent à la syndicalisation alors qu’ils en étaient jusqu’alors éloignés. Cela s’explique notamment par la pandémie de Covid-19 et l’inflation des prix qui sévit actuellement dans le monde ; les employés ont besoin de salaires plus élevés pour vivre dignement.

Clairement, les géants de la tech doivent désormais répondre aux aspirations de leurs employés, qui ont décidé d’agir et de s’unir pour profiter des résultats prestigieux de leurs entreprises. Alors que de plus en plus de personnes se syndicalisent outre-Atlantique, le CWA cherche à représenter des travailleurs des magasins Google Fiber à Kansas City, dans le Missouri, qui sont officiellement employés par un sous-traitant de Google. Il souhaite également représenter des travailleurs du fabricant de jeux vidéo Activision Blizzard, que Microsoft est en train d’acquérir, sous réserve de l’approbation des régulateur.