La Chine continue la répression du secteur du jeu vidéo. Le 15 avril dernier, la National Radio and Television Administration (NRTA) a annoncé sur son site que la diffusion de jeux vidéo non approuvés par les régulateurs chinois serait désormais interdite.

La Chine entend contrôler davantage les jeux vidéo

« Depuis un certain temps, la montée des problèmes sociaux tels que le chaos des livestreaming et de la dépendance des adolescents aux jeux vidéo a grandement attiré l’attention de la société et il est urgent de prendre des mesures afin de la réglementer strictement », exprime la NRTA dans son rapport.

Concernés par ces nouvelles restrictions, les services de streamings comme Huya et DouYu, les plateformes de partage de courtes vidéos telles que Douyin et les émissions de variétés. Il leur est désormais nécessaire de posséder une autorisation de la NRTA pour diffuser en ligne des compétitions étrangères ou des émissions dérivées de jeux vidéo étrangers.

Cette annonce survient quelques jours après la nouvelle approbation de jeux vidéo en Chine. La National Press and Publication Administration (NPPA) a publié le 11 avril une liste de 45 nouvelles licences autorisées sur le territoire, 8 mois après la dernière parue en juillet 2021. Parmi ces nouveaux jeux approuvés, aucun n’a été développé à l’étranger.

Les jeux vidéo étrangers restent pourtant très populaires

Même si Pékin n’a jamais vraiment été fan du jeu vidéo, la Chine reste à l’échelle mondiale le plus grand marché de l’industrie. Elle bénéficie d’un public important regroupant à la fois joueurs et spectateurs. Ces derniers ne se contentent pas seulement de jeux autorisés par le gouvernement. À titre d’exemple, Elden Ring, le dernier jeu de FromSoftware sorti en février, réunissait près de 17 millions de spectateurs par jour sur les plateformes de streaming chinoises lors de sa première semaine.

« Une licence a toujours été exigée afin que les jeux vidéo puissent être distribués ou diffusés en Chine », indique Daniel Ahmad, analyste au sein de la société de recherche Niko Partners, « cette dernière était rarement appliquée. Elle le sera désormais ».

Suivant ces annonces, Tencent, à la tête de la plus grande entreprise de jeu vidéo au monde en termes de revenus, a également annoncé l’arrêt de son service « game booster ». Il permettait aux joueurs chinois d’accéder aux jeux étrangers non approuvés en contournant le « Great Firewall ».

Lutter contre les dérives du jeu vidéo

Si la Chine est aussi ferme vis-à-vis du jeu vidéo, c’est pour lutter contre la reproduction de comportements impulsés par certains titres. La violence, la mort, les comportements déviants tels que la sorcellerie ou les sacrifices humains sont dans le viseur des régulateurs chinois. En août 2021, le quotidien officiel chinois l’Economic Information Daily avait qualifié les jeux en ligne « d’opium pour l’esprit » et de « drogue électronique ».

Pékin reste très ferme quant à la protection des mineurs. Dans son rapport, la NRTA précise que chaque plateforme de streaming devra posséder un système de protection des mineurs afin de prévenir les adolescents des potentiels risques d’addiction aux jeux vidéo, tout en les empêchant de donner leur argent aux streamers en guise de soutien.

La Chine avait déjà fait en sorte de limiter le temps de jeu des mineurs. Aujourd’hui, la jeunesse chinoise n’est autorisée à jouer qu’une heure par jour, les week-ends et les jours fériés. De quoi, d’après le gouvernement chinois, freiner et réduire l’influence des jeux vidéo sur leur comportement.