Les employés de l’Apple Store situé à Grand Central à Manhattan, l’un des plus importants de l’entreprise, cherchent à se syndicaliser. Une première pour la marque à la pomme qui s’inscrit dans un large mouvement des travailleurs américains.

Meilleurs salaires et avantages pour les employés de l’Apple Store

Plus tôt cette année, le comité d’organisation de l’Apple Store concerné, composé d’environ 10 % des travailleurs du magasin à l’époque, a voté pour s’affilier au syndicat national Workers United. Les employés s’apprêtent désormais à voter en faveur ou non de leur syndicalisation. « Grand Central est un magasin extraordinaire avec des conditions de travail uniques qui rendent un syndicat nécessaire pour assurer à notre équipe le meilleur niveau de vie possible dans ce qui s’est avéré être une période extraordinaire avec la pandémie de Covid-19 et une inflation des prix à la consommation unique en son genre », déclare le groupe sur son site Internet.

À travers leur syndicalisation, les employés de l’Apple Store espèrent obtenir des avantages plus considérables, comme de meilleurs frais de scolarité, des congés plus accessibles ainsi que des options de retraite plus avantageuses. Surtout, ils souhaitent augmenter leur salaire à 30 dollars de l’heure minimum ; actuellement, les employés des magasins Apple peuvent gagner de 17 à plus de 30 dollars de l’heure, en fonction de leur expérience.

Les travailleurs estiment que leur salaire doit refléter le chiffre d’affaires de leur employeur, Apple étant l’entreprise la plus valorisée au monde en ayant généré 366 milliards de dollars de revenus en 2021. Le syndicat a besoin de 30 % des 270 employés éligibles du site de Grand Central pour pouvoir faire une demande auprès du National Labor Relations Board, une étape clé avant de déposer une pétition syndicale. Les employés ayant formé le groupe déclarent :

« Lorsque [Apple] décide de notre rémunération, des avantages sociaux dont nous bénéficions, des plans de carrière auxquels nous avons accès et de la sécurité de notre lieu de travail, nous voulons avoir notre mot à dire. Travailler avec un syndicat nous donnera le droit légal d’être représentés dans toutes les questions d’emploi, de congé, de conditions de travail et de rémunération. Ce sont les facteurs qui déterminent la qualité de nos vies, notre capacité à fonder et à élever des familles saines et heureuses, et la trajectoire de notre mouvement dans le monde. Ces décisions déterminent, en grande partie, ce que nous pouvons devenir. Elles devraient nous appartenir. Elles devraient nous appartenir ».

Apple se fait discrète

« Nous avons la chance d’avoir des membres incroyables de l’équipe de vente au détail et nous apprécions profondément tout ce qu’ils apportent à Apple. Nous sommes heureux d’offrir une rémunération et des avantages très solides aux employés à temps plein et à temps partiel, notamment des soins de santé, le remboursement des frais de scolarité, un nouveau congé parental, un congé familial payé, des attributions annuelles d’actions et de nombreux autres avantages », a déclaré un porte-parole d’Apple.

Comme le rapporte Engadget, certains employés impliqués dans les efforts de syndicalisation affirment que la firme de Cupertino s’adonnent à des tactiques de « démantèlement syndical », notamment en diffusant des messages visant à convaincre les travailleurs que la syndicalisation est contraire à leurs intérêts.

Pourtant, en plus du magasin de Grand Central, au moins trois autres Apple Store sont également aux premiers stades de leur tentative de syndicalisation. Pour rappel, Apple compte 154 000 employés à travers le monde et pas moins de 270 magasins aux États-Unis seulement.

Un Apple Store vu de l'extérieur.

Les employés de trois autres Apple Store américains veulent se syndicaliser. Photographie : Emanuel Ekström / Unsplash

De nombreux travailleurs américains s’intéressent à la syndicalisation

L’aspiration des salariés d’Apple à se syndicaliser s’inscrit dans un mouvement bien plus vaste outre-Atlantique, notamment amorcé par la pandémie de Covid-19 et la dépendance extrême aux travailleurs de première nécessité, souvent lésés au niveau des salaires et des avantages. La crise économique qui s’ensuit affecte directement ces personnes. « Les travailleurs rémunérés à l’heure dans tout le pays se sont rendu compte que s’ils ne s’organisent pas pour s’exprimer collectivement, les employeurs continueront à ignorer leurs préoccupations sur le lieu de travail », a déclaré Workers United dans un communiqué.

Il y a trois semaines, les employés d’un entrepôt new-yorkais d’Amazon ont également pris la décision de se syndicaliser, une démarche peu appréciée par le géant de l’e-commerce. Par ailleurs, de plus en plus de salariés de chez Starbucks se syndicalisent auprès de Workers United, le syndicat que les employés d’Apple souhaitent rejoindre.

Le secteur de la tech n’échappe donc pas à la tendance ; les employés de Google ont eux aussi créé le tout premier syndicat de l’entreprise début 2021, il est baptisé Alphabet Workers Union.