Andy Jassy, le PDG d’Amazon, s’est livré pour la première fois à l’exercice très cadré de la lettre aux actionnaires le 14 avril. Au programme beaucoup d’autocongratulations et quelques discrètes remises en question.

À Amazon on ne parle pas des syndicats

À son poste depuis juillet 2021, Andy Jassy n’a pas manqué de subtilement saluer, dès le début de son texte, le fondateur d’Amazon et président exécutif de Conseil d’administration, Jeff Bezos. Il s’est mis dans ses pas pour en assurer la continuité, en tout cas pour s’adresser aux actionnaires, « Jeff a placé la barre haut pour ces lettres, et je vais essayer de faire en sorte qu’elles valent la peine d’être lues ».

Alors est-ce que cette longue, très longue missive mérite d’être lue ? Certainement pour les actionnaires, les salariés et les fans d’Amazon. Pour le commun des mortels, un résumé suffit. Covid, réseau de distribution, bien-être des salariés voici les principaux axes abordés.

Les questions qui fâchent sont abordées, à part peut-être celles liées aux poursuites antitrust, mais il faut tout de même s’armer de patience. Andy Jassy s’est concentré sur celle du bien-être au travail. Sans aborder la très chaude question de la syndicalisation, il reconnaît notamment qu’il y a un taux d’accident du travail problématique. S’il affirme qu’il reste dans la moyenne du secteur, il concède que ce n’est pas suffisant, comme l’avait fait en son temps Jeff Bezos.

Amazon aurait engagé des recherches pour « créer une liste de ce que nous pensons être les 100 principaux points douloureux de l’expérience des employés », dans le but de les résoudre. L’entreprise jure qu’elle travaille « passionnément » à améliorer la sécurité de son réseau de distribution de commande.

L’enjeu pour Amazon dépasse la simple bonté. L’image de l’entreprise a été extrêmement ternie par les témoignages de salariés sur le rythme effréné imposé par la société. L’image c’est une chose pour les clients, c’est aussi une chose pour les recrutements, aux États-Unis les employeurs peinent à recruter. Lorsque Amazon, deuxième employeur du pays propose un salaire minimum à 18 dollars, bien au-dessus de la moyenne nationale outre-Atlantique c’est avec ce facteur bien présent à l’esprit.

Après le travail, Andy Jassy a également admis, « à notre échelle, nous avons une empreinte carbone importante ». Inévitablement les activités d’un géant à la fois de l’e-commerce et du cloud sont particulièrement polluantes. Sur ce point, le dirigeant promet d’alimenter « nos activités avec 100 % d’énergie renouvelable d’ici 2025 ». Il dit également que l’entreprise a investi dans 100 000 camionnettes électriques.

Le Covid : des débuts en fanfare pour Andy Jassy

Avant ces enjeux, le PDG a surtout abordé ce qui marque le début de sa direction, le Covid. Le leader mondial de l’e-commerce a très largement profité de la pandémie. Le dirigeant rapporte, « Nous avons réalisé l’équivalent de trois années de croissance prévue en 15 mois environ ». Il se félicite surtout, qu’une fois les confinements allégés ou levés, Amazon soit entré dans les mœurs de ses clients « pour une plus grande partie de leurs achats domestiques ».

Légèrement vantard, le dirigeant a déclaré « Nous avons passé les 25 premières années d’Amazon à construire un très grand réseau de traitement des commandes, et nous avons dû le doubler au cours des 24 derniers mois pour répondre à la demande des clients ».

Forcément, ce type de développement ne va pas sans des ajustements, des ratés, des inconnus. La pandémie a perturbé la chaîne d’approvisionnement, plus récemment la guerre en Ukraine a provoqué une hausse des prix du carburant et donc du transport de marchandises… Pour Andy Jassy, si Amazon a su faire face « Nous ne partions pas de rien ».

Sans surprise Jassy a dit un mot flatteur pour Amazon Web Services, une façon de féliciter le succès de l’ancien PDG d’AWS, Andy. Dans cette lettre le dirigeant d’Amazon s’est glissé dans la continuité de son prédécesseur tout en donnant la voie qu’il compte donner à l’entreprise.