La National Press and Publication Administration (NPPA) chinoise a publié sur son site une liste de jeux vidéo approuvés par Pékin le 11 avril. Cette liste de 45 lignes est la première du genre depuis juillet 2021, alors que le jeu vidéo était accusé de tous les maux en Chine.

Le pouvoir chinois n’a jamais été un grand fan de jeu vidéo

Avant le fatidique été 2021, entre 80 et 100 jeux obtenaient tous les mois la licence nécessaire pour sortir en Chine. En juillet, la dernière liste, 87 titres obtenaient le précieux sésame, mais aucun étranger. Depuis, plus rien.

Ce vide de 9 mois a fragilisé des géants comme Tencent, leader mondial du secteur. L’entreprise a pu s’en sortir grâce à ses revenus internationaux et ses autres activités, mais pour les acteurs plus petits ce fut l’hécatombe : 14 000 petits développeurs ont fermé leurs portes entre juillet et décembre 2021.

Pékin n’a jamais été très geek. Entre 2000 et 2015 la vente de console a été interdite, une pièce d’identité est requise pour les jeux en ligne, en 2018, déjà, les licences n’ont plus été octroyées durant 9 mois… Le pouvoir chinois estime de longue date qu’il est de son devoir de préserver les jeunes des addictions aux jeux et de leurs conséquences sur les résultats scolaires et la vie familiale.

En 2019 le temps de jeu en ligne pour les mineurs a été limité à 90 minutes par jour en semaine et interdit entre 22h et 8h le week-end et durant les congés. Limitation durcie fin août 2021 à 1 heure de jeu lors du week-end et des jours fériés. Tencent avait décidé d’instaurer la reconnaissance faciale sur certains de ses jeux pour respecter cette consigne de Pékin.

En parallèle, toujours durant l’été 2021, un média officiel qualifiait le jeu vidéo « d’opium mental ». Le pouvoir chinois était engagé et l’est toujours, dans une reprise en main de ses secteurs technologiques. Réglementation sur la protection des données, amendes antitrust…

Tencent, l’absence qui interroge

Le jeu vidéo n’a pas échappé à cette mise au pas général. En tant que média, il représente une dimension supplémentaire pour Pékin, celle de proposer un message, un univers, alternatif à celui qu’il souhaite imposer. Sa surveillance revêt une importance à part.

La nouvelle liste de jeux approuvés l’atteste. Sur les 45, aucun n’a été développé à l’étranger. Plus surprenant, les gros acteurs du secteur tels que Tencent, NetEase ou Bilibili n’ont pas de titres dans la liste, contrairement à Lilith Games, Baidu, XD, Seasun Entertainment…

Tencent, jusque-là épargné par les attaques directes de Pékin, est désormais menacé d’une amende pour infraction à la législation anti-blanchiment. Difficile d’affirmer, à l’heure actuelle, s’il existe un lien, ni même si le secteur du jeu vidéo chinois est reparti. Pour cela il faudra patienter jusqu’à la publication des prochaines listes du NPPA.