Dans une enquête publiée le 10 avril 2022, Bloomberg revient sur les déboires du projet Amazon Prime Air lancé par Jeff Bezos en 2013. Grâce aux témoignages de 13 actuels et anciens salariés de l’entreprise, on découvre que ce projet de livraison par drone n’avance pas, malgré les 2 milliards de dollars dépensés.

Lacunes techniques, crashs à répétition, turnover important…

Dans l’article publié par le média américain, on découvre la face cachée d’Amazon Prime Air. L’enquête révèle un fort turnover des effectifs, des problèmes de sécurité importants et des lacunes techniques qui empêchent le projet d’avancer dans de bonnes conditions. À l’automne 2020, Amazon Prime Air avait par exemple licencié une bonne partie des salariés du département recherche et développement. Même chose du côté de la fabrication. À l’époque, le Financial Times expliquait qu’Amazon privilégiait des partenariats avec des entreprises externes.

Cette réorganisation a contribué aux complications du projet de Jeff Bezos. Après avoir consulté des documents internes et des rapports du gouvernement, Bloomberg raconte que la direction aurait poussé certains cadres d’Amazon Prime Air à prendre des risques inutiles. En lançant ce genre de projet, on s’attend évidemment à ce qu’il y ait des crashs de drones. Les témoignages des salariés et les rapports de la Federal Aviation Administration (FAA) laissent pourtant penser qu’Amazon Prime Air a été trop loin. Certains managers auraient pris des risques inutiles « qui ont mis le personnel en danger ».

Un changement de culture radical chez Amazon Prime Air

Pour le moment, le régulateur américain est encore très loin d’approuver des vols commerciaux pour la livraison par drone. La FAA autorise néanmoins les vols d’essai dans des zones habitées, pour permettre aux entreprises comme Amazon Prime Air de perfectionner leurs technologies. En 2020, l’entreprise a opéré un changement de direction qui a certainement contribué à la situation que nous découvrons aujourd’hui. Gur Kimchi directeur du projet depuis 2013, a été remplacé par David Carbon, un ancien directeur chez Boeing, largement connu pour prioriser la production au détriment de la sécurité.

Si cet homme d’expérience a vraisemblablement permis d’accélérer le développement d’Amazon Prime Air, il a également imposé une culture d’entreprise très particulière, qui déplaît aux employés. À son arrivée, David Carbon a fermé les filiales anglaises et françaises. Le travail de reconnaissance d’images a été transféré au Costa Rica pour que cela coûte moins cher. Certains témoignages laissent croire qu’il aurait ordonné la tenu d’un test en Californie, en violation des recommandations de la FAA. Ce changement de direction a également contribué à une nouvelle culture chez Amazon Prime air. La parole est moins libre, les employés sont surveillés… Voilà pourquoi 200 personnes ont décidé de partir en 2021.