JD.com a officialisé le 7 avril le départ de son fondateur Richard Liu de son poste de directeur général après 18 ans d’activité. Une annonce avec un air de déjà-vu, puisqu’il s’était déjà placé à l’écart des affaires courantes de son entreprise en septembre 2021. Xu Lei, son fidèle lieutenant, est chargé de le remplacer.
Un faux-vrai départ ? Un vrai-faux départ ? Un vrai-vrai départ ?
En septembre 2021, un poste de président avait été créé spécialement pour Xu Lei, tandis que Richard Liu restait directeur général. À l’époque ce dernier avait expliqué vouloir se concentrer sur la stratégie au long terme de JD.com et à la formation des nouveaux cadres de l’entreprise.
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Rebelote en avril 2022, Richard Liu devient président du Conseil d’administration, avec 77% des droits de vote et Xu Lei prend la direction exécutive de JD.com et rejoint le conseil d’administration. Raison officielle donnée par Richard Liu ? « Je consacrerai une plus grande partie de mon temps aux stratégies à long terme et aux futurs cadres de JD, alors que nous continuons à travailler sur les choses les plus difficiles, mais aussi les plus précieuses »…
Cette décision n’a donc rien de surprenant, des analystes l’avaient même pronostiqué en novembre selon CNN. Pour JD.com, rien ne devrait trop changer non plus avec Xu Lei, incarnation de la continuité à la tête du deuxième détaillant en Chine dont la valeur est évaluée à 84 milliards d’euros.
Richard Liu donne des gages à Pékin
Richard Liu a profité de la nouvelle pour dévoiler un don de plusieurs milliards de dollars à des œuvres caritatives en Chine. Cette décision n’est pas seulement liée à son image, très entachée par accusation de viol en 2018, classé sans suite faute de preuve, mais plus aller dans le sens de la politique du président chinois Xi Jinping.
La politique « prospérité commune », lancée à l’automne 2021, vise à réduire l’inégalité dans le pays en se basant sur la bonne volonté, un peu forcée des plus riches. Entre les œuvres caritatives et son implication pour « la revitalisation des zones rurales », Richard Liu reprend la rhétorique de Pékin.
Un geste de bonne volonté alors que son entreprise a été relativement épargnée par la reprise en main du secteur des nouvelles technologique, par le régime. JD.com a dû se réorganiser pour s’adapter aux directives antitrust et sur la vie privée, sa valorisation en bourse s’est effondrée, mais n’a pas été frontalement touchée par une amende comme son rival, Alibaba.
Richard Liu est également le dernier fondateur en date à s’écarter de la direction de son entreprise depuis le début de la répression chinoise. Zhang Yiming, créateur de ByteDance, à l’origine de TikTok, Su Hua, fondateur de Kuaishou, Colin Huang de Pinduoduo, sans parler du sort particulier de Jack Ma, d’Alibaba… À qui le tour ?