Uber serait en train de concrétiser sa mue en super application de voyage outre-Manche. Dans un communiqué publié le 6 avril, Jamie Heywood, directeur général d’Uber Royaume-Uni, propose l’arrivée prochaine d’un service de réservation englobant autobus, train et avion.

Uber, l’interlocuteur privilégié de tous vos voyages ?

Uber veut devenir un incontournable pour l’organisation des voyages de ses clients au Royaume-Uni. L’évolution prochaine de l’entreprise promet un service de « porte-à-porte » : un chauffeur Uber récupère l’usager chez lui pour l’emmener jusqu’à l’aéroport où un vol réservé via l’application l’attend. À son arrivée un chauffeur l’amène à bon port. Une idée tirée d’un constat simple, avant la pandémie 15% des trajets assurés par Uber allait ou partait d’un aéroport.

Évidemment, l’entreprise ne projette pas d’ubériser le transport aérien ou ferroviaire comme il l’a fait avec les trajets urbains. Les compagnies aériennes, les opérateurs de bus et de chemin de fer, les locations de voitures seront intégrés à l’application pour que l’utilisateur puisse directement prendre sa réservation.

Jamie Heywood y voit une continuité dans le rôle que s’est donné Uber, « Vous pouvez réserver des trajets, des vélos, des services de bateau et des scooters sur l’application Uber depuis un certain nombre d’années, l’ajout des trains et des autocars est donc une progression naturelle ». Il a ajouté « Plus tard cette année, nous prévoyons d’incorporer les vols, et à l’avenir les hôtels ».

Pour ce faire, Uber promet des partenariats « de premier plan » qui permettront de faire de l’application « un guichet unique pour tous vos besoins de voyage ». Le nom d’Eurostar, entre Londres et Paris, circule déjà parmi les potentiels futurs partenaires de la société californienne.

Un projet de longue haleine

Cette stratégie n’est pas nouvelle. Dara Khosrowshahi, PDG de Uber depuis septembre 2017, projetait dès 2018 de faire de son entreprise un « Amazon des transports ». Une proposition pas si étonnante pour l’ancien PDG de la plateforme de voyage Expedia.

L’ambition du nouveau patron de Uber s’est cependant heurtée à un impondérable, l’arrivée du Covid-19. La pandémie a déstabilisé toute l’industrie du voyage et a naturellement repoussé les plans du PDG comme il l’admet dans le Financial Times, « Il est juste de dire que Covid a rendu un peu difficile pour nous de progresser aussi rapidement que nous le voudrions ».

Le choix du Royaume-Uni pour lancer cet Uber super app ne doit rien au hasard. Tout d’abord la société a obtenu le 26 mars une licence de 30 mois pour travailler à Londres. Une bonne nouvelle dans un conflit juridique de longue haleine sur le statut des chauffeurs de l’entreprise.

Cette décision démontre également l’impatience de Uber pour mener ses plans à bien. Le Royaume-Uni est tout simplement le second marché mondial de la société après les États-Unis. Il s’agit donc d’un test grandeur nature, dont le succès pourrait préfigurer le nouveau visage de l’application ailleurs dans le monde.