À la tribune de l’Innovate Finance Global Summit, un rendez-vous consacré à la FinTech outre-Manche, le secrétaire économique au Trésor britannique, John Glen, a annoncé le 4 avril la création d’un jeton non-fongible (NFT). Très peu de détails ont été donnés sur ce projet, qui ressemble davantage à un coup de com’ qu’autre chose.

Un NFT somme toute anecdotique

Jusqu’à présent, l’Ukraine a été le seul pays à lancer ses propres NFT. Une décision prise dans les conditions très particulières de la guerre avec la Russie, afin de récolter des fonds pour soutenir l’armée et la population. Naturellement, côté Britannique la motivation est tout autre.

John Glen a expliqué, au nom de Rishi Sunak, Chancelier de l’Échiquier, le ministre des Finances et du Trésor du Royaume-Uni, avoir « demandé à la Royal Mint de créer un jeton non fongible ». La Royal Mint est l’équivalent de la Monnaie de Paris, elle frappe les pièces commémoratives, les médailles et les pièces de monnaie de façon générale.

La nature du NFT de la Royal Mint reste enveloppée de mystère. Seront-ils plusieurs, destinées aux collectionneurs d’actifs numériques et autre numismate 2.0 ? Ou prendra-t-il la forme d’un jeton unique, précieusement conservé par la couronne britannique ? John Glen a promis plus de détails prochainement et l’émission du NFT devrait intervenir d’ici l’été 2022.

Une chose est certaine, le NFT cache une forêt. Il est la représentation symbolique de la volonté londonienne de rester l’une des plus importantes places financières mondiales en se maintenant à la pointe de la technologie. John Glen, qui a la responsabilité de la City dans son portefeuille, a déclaré « Il y a une véritable opportunité de s’appuyer sur nos forces dans les FinTech saisir l’énergie capitaliste, qui a déjà fait des services financiers britanniques ce qu’ils sont, et l’utiliser pour libérer le potentiel des crypto technologies ».

Le Royaume-Uni dit oui aux cryptoactifs… à condition qu’ils soient réglementés

Londres a donné des signaux ambivalents sur les cryptomonnaies. La Financial Conduit Authority, en charge de la régulation financière, a refusé d’enregistrer nombre d’entreprises de cryptomonnaies, forçant certaines à quitter le territoire.

Lors de sa prise de parole, derrière les grandes phrases, John Glen a surtout insisté sur la réglementation de ce marché. La réglementation des cryptomonnaies type Bitcoin, l’étude du statut juridique des communautés basées sur la blockchain (organisations autonomes décentralisées), des prêts de finance décentralisée (DeFi)… Il a toutefois tenté de désamorcer immédiatement, « Nous ne devrions pas penser à la réglementation comme une chose statique et rigide. Au lieu de cela, nous devrions penser en termes de « code » réglementaire – comme le code informatique – que nous affinons et réécrivons lorsque nous en avons besoin ».

Il a aussi donné quelques gages, une ouverture vers les stablecoins, les cryptomonnaies adossées à des devises « classiques », l’exploration d’un usage de la blockchain pour émettre des titres de créances… John Glen l’a admis, faire du Royaume-Uni un pays crypto-friendly, « ne se fera pas du jour au lendemain », mais l’objectif est donné : le pays souhaite devenir « un lieu accueillant pour la crypto ». Le NFT de la Royal Mint permettra de patienter d’ici là.