Historique ! Les employés d’un entrepôt Amazon situé à New York ont voté en faveur d’une représentation syndicale le 1er avril, une première aux États-Unis. Amazon conteste l’influence sur le scrutin du National Labor Relations Board (NLRB), l’agence chargée du droit travail outre-Atlantique. Un recours est envisagé.

Joe Biden exprime sa satisfaction

Par 2654 voix pour face à 2131 contre, les salariés de l’entrepôt Amazon JFK8 de Staten Island ont proclamé un grand oui pour l’émergence d’un syndicat sur place. 8325 employés actuels et anciens se sont exprimés du 25 au 30 mars. Le décompte a été assuré par le NLRB.

Le président américain, Joe Biden s’en est félicité par la voix de sa porte-parole Jen Psaki, il se dit « heureux que des salariés s’assurent d’être entendus pour les décisions importantes ». Une défense des syndicats récurrente chez le démocrate.

Les travailleurs devraient être représentés par l’Amazon Labor Union (ALU), créée il y a un an. Son président, Christian Smalls, 33 ans, est un ancien du JFK8. Il a salué cette victoire en déclarant « Les gens ont parlé aujourd’hui, ils veulent un syndicat », « car pendant qu’il était là-haut, on a pu monter un syndicat », selon l’AFP.

Christian Smalls avait été licencié en 2020 après une grève provoquée à la suite des inquiétudes liées à la pandémie. Amazon avait expliqué à l’époque avoir pris cette décision parce qu’il n’aurait pas respecté les règles de distanciation. Dans un mémo, David Zapolsky, premier vice-président et directeur juridique d’Amazon, l’avait décrit comme « ni intelligent ni éloquent ».

La politique antisyndicale d’Amazon mise à mal

Amazon, deuxième plus gros employeur des États-Unis avec environ 1,2 million de salariés, a toujours mené une politique antisyndicale agressive. Sur la base de document du ministère américain du Travail, le Huffington Post a révélé que l’entreprise avait dépensé 4,3 millions de dollars en consultant antisyndicaux en 2021.

Des réunions obligatoires sont imposées aux salariés. Amazon y assène qu’il n’est pas dans leur intérêt de faire confiance à un syndicat et qu’elle s’occupe de tout. L’entreprise met en avant les augmentations de salaire qu’elle a consenties, avec un salaire moyen d’environ 18 dollars, contre 7,25 dollars au niveau national. Elle explique également avoir consenti certains avantages sociaux et être attentive à la sécurité de ses employés, après plusieurs accidents. Le Wall Street Journal rapporte qu’Amazon estime que les syndicats entraveraient l’agilité de l’entreprise pour mettre en œuvre ces avantages.

Un début ?

De son côté, l’ALU souhaite défendre une pause déjeuner rémunérée d’une heure, l’instauration de congés maladie, une augmentation de salaire et une présence syndicale lors des conseils de discipline. Les conséquences concrètes du vote devraient prendre un certain temps à arriver. Il faudra trouver un accord avec Amazon, sans évoquer le risque de recours.

Ce vote reste très symbolique pour l’instant. JFK8 est un seul entrepôt parmi les plus de 1 000 que compte l’entreprise aux États-Unis. D’ici la fin du mois d’avril, 1500 salariés participeront à un vote pour établir une nouvelle antenne de l’ALU dans un centre de tri, situé de l’autre côté de la rue.

En Alabama, le Retail, Wholesale, and Department Store Union (RWDSU), un syndicat national de la distribution, tente de parvenir au même résultat qu’à New York. Une première élection en avril 2021 avait échoué, mais avait été jugée illégale par le NLRB. Le 31 mars le comptage était fixé à 993 non pour 875 oui, mais 416 bulletins sont contestés. Une audience doit déterminer le décompte final dans les prochaines semaines.