La Federal Communications Commission (FCC) a ajouté le 25 mars l’entreprise de cybersécurité Kaspersky et les opérateurs China Mobile et China Telecom à sa liste recensant les entreprises « réputés présenter un risque inacceptable pour la sécurité nationale des États-Unis ou la sécurité et la sûreté des personnes des États-Unis ». Les trois sociétés rejoignent Huawei ou ZTE. Elles ne pourront plus prétendre au fonds de 8 milliards de dollars annuels de la FCC pour soutenir les services de télécommunications en zone rurale, pour les consommateurs à faibles revenus, les écoles, les bibliothèques, les hôpitaux…

Kaspersky rejette les accusations comme China Mobile et Telecom

Kaspersky est la première entreprise à figurer dans une liste exclusivement occupée jusqu’à présent par des entreprises chinoises. L’entreprise de cybersécurité d’origine russe a déjà été interdite d’accès aux réseaux du gouvernement américain depuis 2017. Kaspersky s’est dit « déçue de la décision de la FCC » prise « pour des raisons politiques » et non « basées sur une évaluation technique des produits Kaspersky ».

La FCC appuie sa décision sur des conclusions du département de la Sécurité intérieure et le Comité d’évaluation de la participation étrangère dans le secteur des services de télécommunications des États-Unis, un organisme interagence. Eugene Kaspersky et l’entreprise qu’il a créée sont accusés par les Américains de lien avec les services de renseignements russes. Des soupçons « non fondés et dépourvus de toute preuve d’actes répréhensibles » selon les intéressés.

En France, début mars, l’Agence National de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI) avait estimé que l’utilisation d’outil Kaspersky « peut être questionnée du fait de leur lien avec la Russie, à ce stade, aucun élément objectif ne justifie de faire évoluer l’évaluation du niveau de qualité des produits et services fournis ». L’entreprise russe se considère, avant tout, victime du contexte géopolitique, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, plutôt que des accusations ou reproches précis.

Pour China Mobile et China Telecom, la nouvelle est moins surprenante. En 2019 la candidature de China Mobile pour proposer des services de télécommunications aux États-Unis avait été rejetée pour des raisons de sécurité. L’autorisation de China Telecom, elle, a été révoquée en octobre 2021. Pour les Américains, la société est complètement soumise aux ordres de Pékin.

Force est d’admettre que la réaction officielle n’est pas venue des deux entreprises, mais bien de l’ambassade de Chine à Washington d’après Reuters. Elle reproche à la FCC d’abuser de son pouvoir et d’attaquer « avec malveillance les opérateurs de télécommunications chinois, une fois de plus sans fondement factuel ». L’ambassade demande aux États-Unis de revenir sur cette décision.

Le Name & Shame de la FCC

Peu de chance que l’ambassade soit écoutée. Brendan Carr, commissaire de la FCC, s’est félicité pour cette décision qui « contribuera à sécuriser nos réseaux contre les menaces posées par les entités soutenues par l’État chinois et russe qui cherchent à faire de l’espionnage et à nuire aux intérêts de l’Amérique ».

Difficile d’évaluer l’impact économique de cette décision sur les trois entreprises, même s’il semble limité. La conséquence la plus notable est plutôt en termes d’image, notamment dans les pays occidentaux. Elles alimentent la suspicion généralisée autour de trois sociétés qui n’ont pas besoin de cela, pour des raisons différentes. Huawei reçu d’ailleurs un traitement similaire.