Snap, le groupe à l’origine de Snapchat, a annoncé, mercredi 23 mars, avoir racheté NextMind, une startup française spécialisée dans les interfaces cerveau – machine. Cette acquisition doit permettre au groupe de se renforcer sur le secteur de la réalité augmentée. Cela doit aussi lui permettre de prendre de l’avance sur ses concurrents tels que Meta ou Apple et témoigne de l’attrait de ce marché pour les géants technologiques.

Et si le futur, c’était la réalité augmentée ? Meta, Niantic, Apple, et nombre d’autres entreprises technologiques développent des outils de réalité augmentée. Pour beaucoup, l’enjeu est d’accompagner le développement du métavers. Parmi ces outils se trouvent généralement des lunettes de réalité augmentée, qui projetteraient le monde virtuel sur le monde réel. Pour beaucoup de géants qui y travaillent, ce type de lunettes deviendra un jour central dans le quotidien, à l’image des smartphones, qui ont, d’une certaine manière, remplacé les ordinateurs.

Avec NextMind, Snap s’offre un spécialiste des interfaces cerveau – ordinateur

NextMind est spécialisée dans les interfaces entre le cerveau et un ordinateur. La société parisienne a déjà présenté un premier produit en 2020. Il s’apparente pour certains à un serre-tête, pour d’autres à un bandeau, non invasif, qui permet de contrôler son ordinateur, son casque VR ou encore de déverrouiller son iPad… par la pensée. Le kit complet coûte 400 dollars. Ce produit va cependant être abandonné avec l’intégration de l’entreprise à Snap. Concernant les 20 salariés, ils seront conservés et travailleront toujours en France, mais pour le Snap Lab, responsable du développement des lunettes Spectacles ou encore d’un futur drone entre autres produits high-tech.

Les Spectacles sont des lunettes de réalité augmentée, destinées pour le moment à un public de créateurs de contenus et de développeurs. Snap espère intégrer « la technologie d’interface d’ordinateur cérébrale » (BCI) de l’entreprise de neuro-technologie dans la prochaine version de ses lunettes AR. Aucune information sur le montant de cette acquisition n’a été donnée. Avant ce rachat, la jeune société française a réussi à lever près de 4,5 millions de dollars et a été évaluée à 13 millions de dollars, d’après PitchBook.

Un homme utilisant le bandeau de NextMind avec un ordinateur

Les neuro-technologies de NextMind pourraient permettre, à terme, de régler le problème de l’interaction avec des lunettes de réalité augmentée. Image : NextMind.

Il subsiste toutefois un obstacle de taille dans le développement de lunettes AR : l’interaction. Comment interagir avec ce qui est projeté sur les écrans des lunettes, sans toucher ces mêmes écrans ? Des entreprises, comme NextMind justement, développent des solutions, axées sur une interface cerveau – machine et donc sur la pensée.

La course à la réalité augmentée

Depuis plus d’un an maintenant, Snap investit de plus en plus sur la réalité augmentée. En 2021, la société a acheté WaveOptics, qui fabrique des objectifs de réalité augmentée et des projecteurs de lumière, pour 500 millions de dollars, sa plus grosse acquisition à ce jour. En janvier 2022, c’est la société de technologie d’affichage Compound Photonics qui a été rachetée par le groupe. L’acquisition de NextMind entre donc dans la stratégie du groupe Snap pour distancer ses concurrents, de plus en plus nombreux. Nombre de géants technologiques se lancent en effet dans la course à l’AR.

Facebook a investi ce secteur avant de se rebaptiser Meta, avec le rachat de CTRL-Labs pour 1 milliard de dollars. Cette startup développe un brassard pouvant mesurer l’activité électrique des muscles et la transformer en signal pour contrôler des ordinateurs. Une technologie qui pourrait grandement servir au groupe de Mark Zuckerberg pour rendre son métavers le plus interactif possible. De son côté, Apple semble être sur le point de lancer un casque de réalité augmentée d’ici un ou deux ans. Le réseau social Snapchat a pour sa part présenté ses dernières nouveautés en matière de réalité augmentée en novembre dernier.

Les interfaces cerveau – ordinateur attirent également de plus en plus d’entreprises. Il faut dire que le potentiel est important. L’une des plus connues ayant investi ce secteur depuis plusieurs années déjà est sans doute Neuralink, fondée par Elon Musk. Elle met au point des dispositifs à implanter directement dans le cerveau. Malgré les polémiques, les essais cliniques sur l’homme devraient arriver en 2022. Le potentiel de cette technologie est important, puisqu’elle pourrait par exemple permettre à des personnes paralysées de remarcher.