Gama, startup française spécialisée dans l’industrie spatiale, vient de lever 2 millions d’euros. Son ambition : révolutionner le transport spatial grâce à une voile solaire.

Une technologie très prometteuse pour le spatial

Fondée en 2020 par Louis de Gouyon Matignon, Thibaud Elziere et Andrew Nutter, Gama développe une voile solaire afin de révolutionner l’accès à l’espace lointain. Le concept de voile solaire n’est pas nouveau puisqu’il avait déjà été évoqué par l’astronome Johannes Kepler au XVIIe siècle. En revanche, s’il a déjà été expérimenté dans l’espace, il n’est pas encore parfaitement maîtrisé et adopté à grande échelle.

« Il s’agit d’une technologie émergente et il n’y a eu jusqu’à présent qu’une poignée de projets de voiles solaires réussis. Elle suscite l’intérêt des grandes agences spatiales et nous savons que la NASA et la JAXA (l’agence spatiale japonaise) travaillent sur des projets similaires », explique Louis de Gouyon Matignon. Étant alimentée par le Soleil, la voile solaire doit, en théorie, fonctionner durablement et donc permettre aux vaisseaux qu’elle propulse d’atteindre de très longues distances rapidement.

Comme le détaille TechCrunch, « les voiles solaires fonctionnent presque de la même manière que les voiles traditionnelles, à ceci près qu’elles utilisent des photons pour leur propulsion plutôt que les molécules d’air qui composent le vent. Bien que les photons n’aient pas de masse, leur élan lorsqu’ils voyagent dans l’espace peut être transféré à une surface réfléchissante – une voile solaire en Mylar ou en polyamide – qui peut propulser un vaisseau spatial. La force est légère, mais dans le vide de l’espace, elle peut s’accumuler rapidement. Il est possible qu’une voile solaire puisse propulser un vaisseau spatial à 20 % de la vitesse de la lumière, mais cela prendrait du temps ».

Gama est soutenue par Bpifrance et le CNES

« Étudier Saturne et son système, y compris ses anneaux et ses satellites naturels, effectuer des missions de reconnaissance d’astéroïdes à faible coût, renvoyer des données sur l’atmosphère de Neptune ou la magnétosphère d’Uranus, visiter plusieurs astéroïdes troyens de Jupiter, explorer Europe, étudier sa chimie prébiotique et son habitabilité extraterrestre, aider à la sélection des sites d’atterrissage des futures missions… », voici quelques exemples de missions que Gama espère pouvoir accomplir grâce à sa voile solaire. Il est en outre important de noter que cette technologie serait bien moins coûteuse que les méthodes classiques comme les systèmes de propulsion chimique ou électrique.

Visiblement, le projet de Gama plaît. La startup a en effet levé 2 millions d’euros auprès de la Banque publique d’investissement (Bpifrance), de l’Agence spatiale française (CNES) et d’investisseurs tels que Nicolas Pinto (Apple), Marie Outtier (Twitter) ou encore la firme d’investissements Possible Ventures. « Les entreprises privées prouvent que l’innovation spatiale peut se produire rapidement et débloquer de vastes opportunités commerciales. Nous sommes ravis d’avoir le soutien de la BPI, du CNES et d’illustres investisseurs pour franchir une étape importante », déclare Andrew Nutter, cofondateur de l’entreprise française.

Schéma décrivant les prochaines missions de Gama.

Sur son site, Gama détaille ses prochaines missions au cours des années qui arrivent. Image : Capture d’écran / Gama

Gama a déjà plusieurs missions de prévues

En effet, ce financement devrait permettre à Gama de réaliser sa toute première mission test dans l’espace, prévue pour le mois d’octobre 2022. Durant celle-ci, un lanceur Falcon 9 de SpaceX propulsera un CubeSat (un nano-satellite) jusqu’en orbite basse, à environ 550 kilomètres d’altitude. Ensuite, une voile solaire de près de 73 mètres carrés devrait être déployée. « Cette mission sera suivie d’un deuxième lancement en 2024 à une altitude plus élevée pour déployer une voile plus grande et faire la démonstration du contrôle et du système de navigation embarqué. En 2025, nous serons l’un des rares à pouvoir explorer plus loin, à un coût nettement inférieur, avec une mission vers Vénus », conclut Andrew Nutter.

La technologie de Gama est très prometteuse et suscite l’engouement du secteur. Reste à voir si la voile solaire de l’entreprise parviendra à faire ses preuves lors de son premier test en zéro gravité.