Après onze ans de développement, de rebondissement et de retards, le Space Launch System (SLS) est enfin sur son pas de tir. Cette fusée super-lourde développée par la NASA sera chargée d’emmener les prochains astronautes jusqu’à la Lune.

Le SLS de la NASA gît sur l’emblématique pas de tir 39B

Ce jeudi 17 mars, le SLS a quitté son usine d’assemblage pour être transporté à 6 kilomètres de là, jusqu’à l’emblématique pas de tir 39B du Kennedy Space Center en Floride, par le véhicule à chenilles Crawler Transporter 2. Celui-ci était également utilisé pour acheminer les fusées Saturn des missions Apollo ainsi que les navettes spatiales. Le voyage a pris près de 11 heures, le Crawler Transporter ne pouvant atteindre que la vitesse d’1 kilomètre par heure.

« Sur ces rampes de lancement, des individus remarquables réalisent des choses impensables. Aujourd’hui, une nouvelle génération, pas la génération Apollo, mais la génération Artemis, se prépare à atteindre de nouvelles frontières. Cette génération renverra des astronautes sur la Lune, et cette fois, nous y ferons atterrir la première femme et la première personne de couleur pour mener des recherches scientifiques révolutionnaires », a déclaré Bill Nelson, l’administrateur de la NASA.

Car le SLS est la nouvelle génération de lanceur super-lourd de la NASA, pensé spécialement pour acheminer des humains jusqu’à la Lune. En développement depuis 2011, il a connu de nombreux retards et était donc très attendu ; une fois installé sur son pas de tir ce 18 mars, il a enfin pu être observé entièrement assemblé pour la toute première fois, avec notamment la capsule Orion, qui transportera les astronautes, positionnée tout en haut de la fusée.

D’une hauteur légèrement inférieure à 100 mètres, le SLS a été conçu pour être plus puissant que les fusées Saturn. Il aura la poussée nécessaire pour non seulement envoyer des astronautes loin de la Terre, mais également assez d’équipements et de cargaisons pour que ses équipages puissent rester éloignés de cette dernière pendant de longues périodes. Pour rappel, le programme Artemis de la NASA vise à renvoyer des êtres humains sur la Lune, mais également à y installer une base permanente en vue des vols habités vers Mars, qui devraient se produire dans les décennies à venir.

La fusée SLS en train d'être transportée jusqu'à son pas de tir.

Le Space Launch System (SLS) en train d’être acheminé à la rampe de lancement 39B sur le véhicule Crawler Transporter. Photographie : NASA / Kim Shiflett

Une répétition générale avant le grand départ

Le 3 avril prochain si tout se passe comme prévu, la NASA opérera une répétition générale avant le lancement de la mission Artemis 1, qui devrait avoir lieu aux alentours de mai ou juin. Durant ce test, la fusée sera chargée de carburant et fera l’objet d’un compte à rebours d’entraînement jusqu’à 9,4 secondes seulement du moment du décollage.

« Après la répétition, la NASA examinera les données de l’essai avant de fixer une date de lancement cible spécifique pour le prochain lancement d’Artemis 1. La fusée et le vaisseau spatial intégrés retourneront au bâtiment d’assemblage des véhicules plusieurs jours après le test afin de retirer les capteurs utilisés pendant la répétition, de recharger les batteries du système, d’arrimer le chargement tardif et de procéder aux vérifications finales. Orion et SLS rouleront ensuite vers la rampe de lancement pour une dernière fois, environ une semaine avant le lancement », a expliqué l’Agence spatiale dans un communiqué de presse.

La mission Artemis 1 a pour but de valider le fonctionnement du SLS ainsi que de la capsule Orion, elle ne sera donc pas habitée. Durant celle-ci, la fusée de la NASA réalisera un voyage de 26 jours dans l’espace, qui comprendra une orbite étendue autour de la Lune. « Le programme Artemis de la NASA ouvrira la voie au grand saut de l’humanité, les futures missions vers Mars. Il ne fait aucun doute que nous sommes dans un âge d’or de l’exploration spatiale humaine, de la découverte et de l’ingéniosité dans l’espace. Et tout commence avec Artemis 1 », a déclaré l’administrateur de la NASA.

« Le Space Launch System est la seule fusée capable d’envoyer des humains dans l’espace lointain. C’est la fusée la plus puissante du monde. Et Orion s’aventurera plus loin que n’importe quel vaisseau spatial construit pour des humains qui a déjà fait voler des humains. Il restera dans l’espace plus longtemps que n’importe quel vaisseau spatial conçu pour des astronautes ne l’a jamais fait sans s’amarrer à une station spatiale », a-t-il continué.

Starship de SpaceX pour gâcher la fête ?

Il ne faut cependant pas oublier que SpaceX est également en train de développer une fusée super-lourde baptisée Starship, pensée pour emmener les humains jusqu’à la planète rouge. Encore plus imposante que le SLS, elle possède en outre un immense avantage par rapport à celle de la NASA puisqu’elle sera entièrement réutilisable, et donc bien moins coûteuse. Comme le note la BBC, les quatre premières missions SLS devraient chacune coûter plus de 4 milliards de dollars pour être exécutées, une somme qualifiée d’« insoutenable ».

Cette animation de SpaceX montre à quoi ressemblera un lancement de Starship lorsque la fusée sera prête : 

Si pour l’heure, Starship et son lanceur Super Heavy n’ont pas encore réalisé de test en orbite, la fusée devrait être opérationnelle assez rapidement, connaissant les objectifs de l’entreprise d’Elon Musk. En outre, Starship a été choisie comme l’alunisseur du programme Artemis : ce sera ce véhicule, grâce à sa réutilisabilité, qui ira poser les astronautes sur la Lune et les fera décoller de celle-ci.

Et si, pour réduire les coûts, la NASA choisissait à terme de n’utiliser que Starship pour l’ensemble de la mission…? Cette possibilité n’est actuellement pas sur la table tant le SLS est attendu et a coûté une immense somme d’argent ; abandonner le projet serait synonyme d’un échec incroyablement cuisant pour l’agence spatiale américaine. Elle n’est toutefois pas à écarter catégoriquement.

Artemis 1 sera suivie d’Artemis 2, une mission habitée autour de la Lune, en 2024. Artemis 3, le premier alunissage prévu par la NASA depuis 1972, est prévu pour 2025 au plus tôt.