Le Congrès des États-Unis vient enfin de se décider sur le budget alloué à la NASA pour l’année fiscale 2022. Si le montant est légèrement en dessous de ce qui avait été demandé par l’agence spatiale, il y a du progrès par rapport à l’année dernière.

Un budget de 24,04 milliards de dollars pour la NASA

Pour cet exercice fiscal, la NASA a présenté sa demande officielle de budget au Congrès en mai 2021. À l’époque, l’administrateur de l’agence, Bill Nelson, déclarait : « L’administration Biden prouve que la science est de retour. Cela (Ndlr : le budget) aidera la NASA à faire face à la crise climatique et à faire progresser les missions robotiques pour ouvrir la voie à l’exploration de la Lune et de Mars par les humains ». Ce mardi 8 mars, le Congrès a donc publié un projet de budget qui devrait être signé la semaine prochaine par le président Joe Biden, rapporte Ars Technica.

Au total, la NASA va recevoir 24,04 milliards de dollars de la part du gouvernement américain. Bien que cette somme soit 760 millions de dollars de moins par rapport à la requête initiale de l’agence spatiale, elle est 700 millions de dollars au-dessus du budget pourvu pour l’année fiscale 2021.

Le programme Artemis en ligne de mire

L’une des pierres angulaires du budget 2022 est le programme Artemis, par lequel la NASA prévoit de renvoyer des humains sur la Lune et de construire une base pérenne sur notre satellite, et plus particulièrement le Human Landing System (HLS). Il s’agit du vaisseau qui posera les astronautes à la surface lunaire et qui sera construit par une entreprise privée, SpaceX en l’occurrence avec sa fusée Starship.

Pour son développement, la NASA va recevoir 1,195 milliard de dollars de la part du gouvernement. C’est exactement ce qu’elle avait demandé, bien que le Congrès n’ait pas apprécié qu’une seule entreprise ne soit choisie par l’Agence au lieu de deux. Cette dernière a justifié cette décision par, justement, le manque de budget, et a sélectionné SpaceX pour les coûts peu élevés que la firme propose par rapport à ses concurrents directs, et notamment Blue Origin.

Afin de toucher la totalité de cette somme néanmoins, la NASA doit « fournir un plan accessible au public expliquant comment il assurera la sécurité, la redondance, la durabilité et la concurrence du programme HLS dans le cadre des ressources prévues par cette loi et incluses dans la demande de budget pour l’exercice 2023 », et ce dans les trente jours qui suivront la signature du texte. Le Congrès lui demande également de fournir une liste détaillée des ressources dont elle a besoin jusqu’en 2026 pour atteindre ses objectifs.

Toujours en lien avec le programme Artemis, le Congrès a décidé d’allouer un budget de 2,6 milliards de dollars au Space Launch System (SLS), un lanceur super lourd en développement depuis plus d’une décennie, et qui a accumulé de nombreux retards. C’est plus que ce que la NASA avait demandé (2,48 milliards de dollars). Le gouvernement américain tient particulièrement à cette fusée, malgré son coût astronomique, parce qu’elle crée de nombreux emplois à travers le pays. Si tout se passe bien, et cela n’est pas dit tant les échecs et les reports ont été nombreux, le SLS devrait effectuer son premier vol cette année.

La fusée Space Launch System.

Vision d’artiste du Space Launch System, fusée supposée envoyée les prochains astronautes américains sur la Lune. Image : NASA

L’après ISS est pris en considération

L’agence spatiale a également reçu la somme qu’elle avait demandé pour son programme Commercial LEO Development, qui travaille à l’après Station Spatiale internationale (ISS). Cette dernière est financée jusqu’en 2024, et le Congrès souhaiterait qu’elle le soit jusqu’en 2030 pour prendre sa retraite à cette période, mais ce projet est pour l’heure mis en danger à cause du conflit russo-ukrainien et de son impact sur la coopération spatiale internationale.

Après l’ISS, la NASA souhaite que l’orbite terrestre basse soit occupée par des stations spatiales fabriquées et opérées par des entreprises privées, et dans lesquelles l’agence pourrait louer des places pour envoyer des astronautes ou encore réaliser des expériences. D’ailleurs, elle a offert un contrat à trois entreprises pour qu’elles développent leur propre station.

Pour ce programme, le Congrès s’est décidé sur la somme de 101,1 millions de dollars, c’est nettement plus que les 15 millions et 17 millions de dollars accordés en 2020 puis en 2021.

La station spatiale Orbital Reef.

Vision d’artiste de la station spatiale Orbital Reef de Blue Origin, qui devrait entrer en fonction à la fin de la décennie. Image : Blue Origin

La partie science ne reçoit pas la somme escomptée

Pour ce qui est de la science, la NASA va recevoir la somme de 7,6 milliards de dollars, c’est moins que ce qui était demandé (7,9 milliards), mais plus que l’année passée. Cela comprend notamment une série de missions robotiques pour explorer le système solaire, le télescope spatial James Webb et de nouvelles missions d’observation de la Terre. En outre, l’agence spatiale va recevoir l’intégralité de ce qu’elle a requis, c’est-à-dire 653 millions de dollars, pour le développement de sa mission consistant à ramener les échantillons martiens collectés par le rover Perseverance sur Terre.

Si l’avenir de la coopération spatiale internationale est plus qu’incertain, la NASA travaille sur de nombreux projets de très grandes envergures et, pour une fois depuis un certain temps, elle obtient le budget qu’elle requiert pour y parvenir.