Kerri Moynihan était une jeune responsable financière de 32 ans d’Activision Blizzard lorsqu’elle s’est donné la mort en avril 2017, à l’occasion d’un séminaire. Ses parents ont décidé de porter plainte en Californie le 3 mars, ils accusent l’entreprise d’entretenir une culture du harcèlement sexuel, de manquement et de discrimination, rapporte le Washington Post. Ce n’est pas la première affaire auquel est confronté l’éditeur de jeux vidéo.

Une culture toxique à Activision Blizzard

Le cas de Kerri Moynihan était déjà connu depuis juillet 2021. Anonymisé, il venait enrichir une plainte du California Department of Fair Employment and Housing (DFEH), la première aussi fournie contre Activision Blizzard. À l’époque, la plainte mentionnait la circulation d’une photo intime de la jeune femme parmi certains de ses collègues masculins.

Ces parents ajoutent que l’un des directeurs financiers seniors, qui a quitté l’entreprise en mai 2017, a tout tenté pour dissimuler une relation sexuelle qu’il aurait eue avec leur fille. C’est lui qui a prévenu la sécurité de l’hôtel lors de la découverte du corps. Activision Blizzard aurait refusé de transmettre l’ordinateur professionnel du cadre, ainsi que ses téléphones.

Pour les parents, les supérieurs de Kerri Moynihan étaient au courant de ce qu’elle vivait ou auraient dû l’être. Ils leur reprochent d’avoir « refusé de prendre des mesures correctives immédiates ». Ils affirment qu’Activision Blizzard a « favorisé et permis un environnement de travail dans lequel le harcèlement sexuel était omniprésent ». Ils pointent également du doigt l’enquête de la police locale, jugée « superficielle ».

Activision Blizzard a déclaré au Post avoir été « profondément attristée par la mort tragique de Mme Moynihan, qui était un membre précieux de la société. Nous traiterons la plainte par le biais de la procédure juridique appropriée, et par respect pour la famille, nous n’avons pas d’autre commentaire à faire pour le moment ».

En juillet, la même entreprise avait nié les accusations portées à son encontre, qu’elle estimait « déformées et, dans de nombreux cas, fausses ». Elle avait communiqué « Nous sommes écœurés par la conduite répréhensible du DFEH qui a fait glisser dans la plainte le suicide tragique d’une employée dont le décès n’a aucun rapport avec cette affaire et sans aucun égard pour sa famille en deuil ».

Cette plainte a pourtant entraîné une réaction d’Activision Blizzard. L’entreprise a annoncé une tolérance zéro envers le harcèlement et les discriminations. 37 employés ont été licenciés et 44 personnes ont été visées par des mesures disciplinaires entre juillet 2021 et janvier 2022. 700 remontées de salariés sur divers problèmes ont été recensées. Un chiffre contesté par Activision Blizzard.

Le PDG Bobby Kotick toujours en place

Un salarié sur cinq a signé une pétition pour le départ de Bobby Kotick, le PDG historique de l’éditeur, plusieurs grèves ont été organisées. En novembre, le Wall Street Journal a révélé qu’il aurait été au courant de cas « d’inconduite sexuelle », pouvant aller jusqu’au viol, et qu’il n’en aurait pas informé le Conseil d’Administration. Une enquête de la Securities and Exchange Commission (SEC) est en cours. L’entreprise a dénoncé un article donnant « une image trompeuse d’Activision Blizzard et de son PDG » et assuré coopérer avec la SEC.

Bobby Kotick est toujours en poste. Il a promis de démissionner s’il n’arrivait pas à régler les problèmes de son entreprise. Entre-temps Microsoft a annoncé l’acquisition de l’éditeur pour 69 milliards de dollars, un record. Redmond ne semble pas déterminé à le conserver une fois le rachat opéré, en 2023.