La relation entre la Securities and Exchange Commission (SEC) et Elon Musk n’est pas près de s’améliorer. Le Wall Street Journal a révélé le 24 février que le gendarme américain de la bourse enquête sur un éventuel délit d’initié à Tesla d’Elon et son frère, Kimbal.

Un timing trop idéal pour vendre des actions Tesla ?

Depuis 2018 et le début de la dispute entre la SEC et Elon Musk, Twitter n’est jamais bien loin. Début novembre 2021, Kimbal Musk vend 88 500 actions Tesla pour 108 millions de dollars et donne 25 000 autres actions à une association caritative.

Le lendemain de l’opération, le 6 novembre, son patron de frère demande via un sondage Twitter s’il doit céder 10% de ses parts dans l’entreprise pour payer un impôt en discussion. Il jure respecter le résultat, quel qu’il soit. 3,5 millions de votants décideront à 58% qu’Elon Musk doit vendre.

La publication du sondage va entraîner une baisse du cours de Tesla d’un peu plus de 15% dans les jours qui suivent. Kimbal Musk a eu chaud, mais pour la SEC il est possible que la chance n’ait rien à voir : le frère d’Elon Musk aurait pu être au courant de la publication du tweet en avance.

Kimbal Musk, en tant que membre du Conseil d’Administration de Tesla, est exposé au délit d’initié. Il dispose, en avance, d’information que le public n’a pas. Comme tout membre de Conseil d’Administration, il ne doit pas s’en servir pour réaliser un joli coup de bourse.

Pour éviter d’être confronté à ce type d’accusation il existe une procédure pour établir un programme de vente de titres plusieurs jours avant la vente effective. Une fois programmé, il ne peut plus être modifié. Kimbal Musk a utilisé cette procédure 40 fois depuis 2011, mais ce ne fut pas le cas le 5 novembre. De quoi aiguiser les soupçons de la SEC, même s’il est déjà arrivé que de telles opérations, non programmées se produisent dans le passé.

La SEC et Elon Musk, ça n’en finit plus

Dans le Financial Times, Elon Musk a balayé les soupçons de la SEC, affirmant que « Kimbal n’avait aucune idée que j’allais faire un sondage sur Twitter ». Le fondateur de Tesla a ajouté « L’idée que je me préoccupe de savoir si mon frère peut vendre des actions pour quelques millions de dollars de moins alors que mon sondage Twitter a fait baisser la vente de mes propres actions de plus d’un milliard de dollars est totalement absurde ».

Les actions d’Elon Musk, 4 milliards, ont bien été mises en vente dans les semaines ayant suivi le sondage. Selon des documents déposés auprès de la SEC, cette opération aurait été, en réalité, programmée, selon la procédure mentionnée plus tôt, dès septembre 2021.

Une fois complètement achevée, le 28 décembre, elle a rapporté à Elon Musk 16 milliards de dollars. La baisse du cours de Tesla après le tweet a bien porté un préjudice important, bien au-delà de la somme récupérée par le frère, à son propriétaire.

L’enquête de la SEC a peu de chance d’aboutir, selon les experts consultés par le Wall Street Journal. Il faudrait, pour cela, retrouver une trace écrite où Elon Musk avertit son frère de son tweet.

L’investigation pourrait ne jamais aboutir sur une plainte formelle, mais elle va à coup sûr envenimer un peu plus les relations entre Musk et l’agence. Dans un tweet le 23 février ce dernier a déclaré « Je n’ai pas commencé le combat, mais je vais le terminer ». Quelques jours auparavant Elon Musk avait porté plainte pour harcèlement contre la SEC.