Une partie des grandes entreprises technologiques, principalement américaines ont réagi, de façon diverse au déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février. Entre mise en sécurité leurs personnels sur place, lutte contre la désinformation dans un contexte de guerre et messages à la population ukrainienne.

L’enfer de la désinformation sur les réseaux sociaux en période de guerre

Les réseaux sociaux en particulier jouent un rôle particulier dans le conflit en train de se jouer dans l’Europe de l’Est. Facebook, Twitter, TikTok, YouTube, Snapchat, sont déjà connus et critiqués d’être des vecteurs de désinformation.

En période de guerre les rumeurs, les tentatives pour influencer les opinions publiques, de déstabiliser l’adversaire, la lutte contre les fausses nouvelles deviennent des enjeux d’autant plus grands. Les réseaux sociaux peuvent également être utilisés comme source d’information ouverte par les belligérants et mettre en difficulté leurs utilisateurs.

Meta, Twitter et ByteDance réagissent promptement

Meta, par la voix de Nick Clegg, vice-président aux affaires mondiales et Nathaniel Gleicher, responsable de la politique de sécurité de Facebook, a, plus que ses concurrents décrits les mesures déployées face à la situation en Ukraine.

Un « centre d’opération spéciale » a été mis en place, il est « composé d’experts (y compris des locuteurs natifs) afin que nous puissions suivre de près la situation et agir le plus rapidement possible », explique Nathaniel Gleicher. Nick Clegg a précisé que ce centre aura pour fonction de supprimer au plus vite les discours de haine et les incitations à la violence.

Le vice-président de Meta a expliqué « Nous avons implanté un certain nombre de mesures pour garder notre plateforme et nos utilisateurs de la région en sécurité, autant qu’il est possible ». L’entreprise de Mark Zuckerberg a activé une fonctionnalité déjà utilisée en Afghanistan, en août, lors de la reprise du pays par les talibans. Elle vise à assurer la confidentialité des utilisateurs, en empêchant de télécharger les photos de profils ou partager les publications d’un compte dont l’utilisateur n’est pas ami.

Twitter, de son côté, s’est fait remarquer le 23 février en supprimant certains comptes spécialisés dans la recherche en sources ouverte, suivant la progression des troupes russes. Une erreur a expliqué le réseau social, liée à l’anticipation de la diffusion de fausses informations qui ne manquent pas.

Le compte officiel de la plateforme a lancé un long fil, en ukrainien, sur les comportements à adopter pour se protéger, « Lorsque vous utilisez Twitter dans un conflit ou dans d’autres zones à haut risque ». Il s’agit d’une suite de conseils pratiques contre le piratage, par exemple l’activation de l’authentification à double facteur, la confidentialité des comptes, limiter les données de géolocalisations, etc.

ByteDance, la maison mère de TikTok, a répondu à TechCrunch, que « La sécurité de notre communauté et de nos employés est notre priorité absolue ». Le réseau social, très populaire en Ukraine a expliqué avoir pris « des mesures sur les contenus ou les comportements qui menacent la sécurité de notre plateforme, notamment en supprimant les contenus qui contiennent des informations erronées préjudiciables ».

Mettre à l’abri les salariés basés en Ukraine

Google est dans une situation délicate avec sa plateforme YouTube. Appréciée en Russie, la plateforme accueille notamment un journaliste russe pro-Vladimir Poutine, Vladimir Solovyov. Ce dernier est inscrit dans la liste des personnalités sanctionnées par l’Union européenne, note Bloomberg. En décembre la plateforme avait été condamnée à payer une amende pour le blocage d’un compte d’un utilisateur réputé proche de Vladimir Poutine, de quoi tirailler la plateforme.

Mountain View a souvent fait valoir que YouTube était tout autant une voix pour l’opposition à Poutine en Russie. Pour le moment, la plateforme n’a pas pris position officiellement. Selon TechCrunch elle emploie environ 200 personnes dans en Ukraine, dans la recherche et le développement pour ses services mondiaux et locaux.

En s’éloignant des réseaux sociaux, Uber, implanté dans 9 villes ukrainiennes depuis 2016, a proposé de reloger ses employés vivants à Kiev ailleurs en Ukraine ou à l’étranger. Pour les usagers et les chauffeurs les conseils donnés sont de rester chez soi. Les opérations de l’entreprise ont été mises en pause dans le pays. L’entreprise a déclaré « Une équipe multifonctionnelle suit la situation de très près et rétablira le service dès qu’il sera possible de le faire en toute sécurité ».

Apple qui dispose d’un bureau et de quelques employés sur place a déclaré tout faire pour leurs équipes sur place. Tim Cook, le PDG du groupe a tweeté, « nous soutiendrons les efforts humanitaires locaux ».

TechCrunch, qui a contacté toutes les grandes entreprises de la Tech, américaines ou non, pour un article fouillé, rapporte que Microsoft a refusé de s’exprimer. Amazon ou Snapchat n’ont pas publié de déclaration pour le moment.

Il reste difficile d’évaluer l’impact des sanctions prises par les États-Unis et l’Union européenne sur l’activité des géants de la Tech en Russie. Le pays dispose de ses propres réseaux sociaux et les groupes américains ne semblent pas entrer dans le cadre des mesures prises, mais l’incertitude demeure. Comme l’ensemble de la bourse, les cours des grandes entreprises Tech ont dévissé le 24 février. Elles sont toutefois remontées rapidement.

En Ukraine, de façon publique ou non, toutes les grandes entreprises de la Tech devront prendre leur disposition, se préparer à l’évolution de la guerre sur place et notamment à une éventuelle coupure d’Internet. Elles devront également s’attendre à être critiquées et prises à partie. Le gouvernement ukrainien a demandé à Twitter la suspension du compte officiel de la Russie.