Les « faux visages » ou visages de synthèse sont désormais plus imperceptibles pour un être humain. Une étude menée par l’Université du Texas a demandé à plusieurs centaines de personnes de distinguer des vraies personnes de visages générés par un algorithme.

Le procédé de l’étude est intéressant. Un premier groupe de 315 sujets s’est vu demander, sur deux portraits l’un à côté de l’autre, lequel était faux. Même demande pour un second groupe, de 219 personnes qui a été brièvement formé à l’identification de faux visages, notamment les défauts laissés par les intelligences artificielles à certains endroits. Un troisième et dernier groupe de 233 participants a évalué la fiabilité des 128 images présentées aux deux premiers groupes, sur une échelle de 1 à 7.

Dans leurs réponses, les sujets du premier groupe obtiennent moins d’une bonne réponse sur deux (48,2%). Pour le second groupe, mieux préparé, le pourcentage progresse légèrement pour atteindre 59% de bonnes réponses. Enfin, les notations du dernier groupe attribuent en moyenne une note de fiabilité plus importante aux faux visages (4,82) qu’aux vraies personnes (4,48).

le classement des scores des faux visages

Les visages réels (R) et synthétiques (S) les mieux (haut et milieu supérieur) et les moins (bas et milieu inférieur) classés avec précision. Source : PNAS / Sophie Nightingale et Hany Farid.

« Nous ne disons pas que chaque image générée est indiscernable d’un vrai visage, mais un nombre significatif d’entre elles le sont, » déplore Sophie Nightingalen co-autrice de l’étude. Elle s’avoue également préoccupée par la facilité d’accès des technologies qui permettent de créer ces portraits synthétiques. Elle n’a pas tort.

Il y a bientôt deux ans, lors de la présidentielle aux États-Unis, un jeune américain de 17 ans avait créé un faux profil d’un faux candidat sur Twitter. Le mystérieux Andrew Walz arborait une photo de profil tirée du site thispersondoesnotexist.com, qui, comme son nom l’indique, présente des portraits générés par une intelligence artificielle. Twitter finira par certifier son profil avant d’être alerté par la couverture médiatique de la supercherie.

Dans leurs conclusions, les deux co-auteurs encouragent « ceux qui développent ces technologies à se demander si les risques associés sont plus importants que leurs avantages. Si c’est le cas, alors nous décourageons le développement d’une technologie simplement parce qu’elle marche. »