Une fois de plus, Tesla se retrouve dans les petits carnets de la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), l’agence fédérale américaine chargée de la sécurité routière. En cause, des coups de frein intempestifs reportés par les conducteurs de Model 3 et Model Y récents, faisant craindre de graves accidents de la route.

L’abandon des capteurs et radars pour le freinage automatique remis en cause

En mai 2021, Tesla a déployé une mise à jour permettant au système d’assistance à la conduite Autopilot de s’appuyer uniquement sur les caméras au lieu d’utiliser une série de capteurs, dont un radar, comme le font la plupart des autres dispositifs de freinage d’urgence automatique. Depuis, de nombreux témoignages de conducteurs affirment que des freinages qui n’ont pas lieu d’être se produisent, c’est-à-dire que la fonction de freinage d’urgence automatique s’active pour de faux positifs, note Ars Technica, comme des éléments tels qu’une ombre que la voiture interprète comme un obstacle.

« Un freinage brusque se produit sans raison apparente et sans avertissement, ce qui a entraîné plusieurs collisions arrière évitées de justesse… Ce problème s’est produit des dizaines de fois au cours de mes cinq mois de conduite et des 10 000 kilomètres à mon actif », explique l’un des conducteurs dans un témoignage datant du 11 février 2022.

« Le Bureau d’enquête sur les défauts (ODI) a reçu 354 plaintes alléguant une activation inattendue des freins dans les véhicules Tesla Model 3 et Model Y 2021-2022. Reçus au cours des neuf derniers mois, ces rapports ont souvent été qualifiés de « freinage fantôme » par les consommateurs », déclare la NHTSA dans un document officiel.

« Les plaintes allèguent que lors de l’utilisation des fonctions ADAS (Ndlr : Advanced Driver Assistance Systems), notamment le régulateur de vitesse adaptatif, le véhicule freine de manière inattendue lorsqu’il roule à grande vitesse. Les plaignants soulignent que la décélération rapide peut se produire sans avertissement, de manière aléatoire et souvent plusieurs fois au cours d’un cycle de conduite », continue l’agence fédérale. Dans ce contexte, elle a décidé de lancer une enquête préliminaire sur cette défaillance du système de freinage des voitures Tesla, qui pourrait concerner pas moins de 416 000 véhicules.

Un véhicule Tesla en train de rouler.

Les coups de frein intempestifs peuvent parfois se produire alors que les véhicules roulent rapidement. Photographie : Dylan Calluy / Unsplash

Tesla et la NHTSA, meilleurs ennemis

Après cette étape, la NHTSA pourrait décider officiellement de rappeler des véhicules. Ce n’est pas la première fois que l’organisme lance une investigation sur Tesla. Elle enquête d’ores et déjà sur l’implication de l’Autopilot dans plusieurs accidents ayant eu lieu aux États-Unis, ainsi que sur la possibilité, depuis retirée par Tesla, de jouer aux jeux vidéo sur l’écran tactile présent à l’intérieur des véhicules. D’ailleurs, Elon Musk a récemment et ironiquement qualifié la NHTSA de « fun police », car en plus de la possibilité de jouer, elle a demandé à la firme d’enlever sa fonctionnalité Boombox, permettant aux conducteurs de diffuser des sons, parfois saugrenus, depuis les haut-parleurs externes des véhicules.

Tesla connaît un début d’année mouvementé d’un point de vue juridique. Début février, la NHTSA ordonnait également à l’entreprise de désactiver une fonctionnalité déployée avec le système Full Self-Driving permettant aux véhicules de franchir lentement un panneau stop sans s’arrêter complètement. Malgré quelques débâcles avec les autorités, la firme continue de connaître un succès toujours plus accru, notamment grâce à l’adoption des véhicules électriques qui s’accélère d’année en année. 2021 a ainsi été la meilleure année de l’histoire de la société, avec la livraison de près d’1 million de véhicules.