Semiconductor Manufacturing International Corporation (SMIC) enregistre des bénéfices records en 2021, 1,7 milliard de dollars, en hausse de 138% par rapport à l’année précédente. Le taux de croissance de son chiffre d’affaires, 39% est le plus élevé depuis 2010, il s’établit à 5,44 milliards de dollars. Lors de la publication des résultats, le 11 février, un cadre de l’entreprise s’est enthousiasmé pour « la croissance la plus rapide parmi les quatre principales fonderies du monde ».
Les sanctions américaines en trouble-fête
Ce succès s’explique par « La pénurie mondiale de puces et la forte demande de fabrication locale » décrypte un communiqué de SMIC. Le poids de la Chine dans le chiffre d’affaires de l’entreprise est passé de 56% à 68,3%.
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Des résultats flatteurs, mais aussi révélateurs des défis auxquels doit faire face le groupe chinois. Le premier d’entre eux est sa présence sur la liste noire du département du commerce américain en 2020. Cette « Entity List » est surtout alimentée par des sociétés de l’Empire du Milieu depuis le début de la guerre commerciale avec les États-Unis.
Cette liste noire ou plutôt grise, impose à SMIC d’obtenir une autorisation pour des opérations de ventes, d’achats avec des structures américaines. La part du marché nord-américain a diminué entre 2020 et 2021, en passant de 27,7% à 19,6%.
Plus problématique pour SMIC, la présence sur cette liste nécessite une autorisation pour tout transfert technologique. Il s’agit de la plus grande faiblesse de SMIC par rapport à ses concurrents Samsung et TSMC. L’entreprise n’a pas accès à des puces inférieures à 10 nanomètres, utilisées dans les derniers smartphones. Elle se focalise sur des technologies plus matures indique The Register, les puces de 28 nm. Ces dernières sont très demandées, notamment pour l’industrie automobile, très affectée par la pénurie mondiale de semi-conducteurs.
SMIC ne doit pas espérer un attendrissement de la part des autorités américaines. Washington craint d’être surpassé technologiquement par la Chine et cherche à l’enrayer pour ne pas perdre cette course.
SMIC, la bulle d’air de la Chine
Le secteur des semi-conducteurs s’est révélé être le principal point faible du pays. La Chine importe la grande majorité de ses puces. Les efforts de Pékin pour soutenir son champion national restent insuffisants vu le retard à combler. SMIC représente, actuellement, moins de 10% de la demande intérieure de l’Empire du Milieu.
Fort de résultats 2021 encourageants, SMIC va investir 5 milliards de dollars en 2022 pour augmenter sa capacité de production. C’est 500 millions de mieux qu’en 2021, mais encore loin des champions du secteur.
Cet argent doit soutenir la mise en service de trois nouvelles fabriques. Deux doivent ouvrir leurs portes cette année, l’une à Pékin et l’autre à Shenzhen. La construction d’une usine à Shanghai va être lancée. À terme, elles devraient permettre de tripler la production de SMIC. La Chine en aura bien besoin.