Voilà maintenant plusieurs années que l’univers de la santé est entré de plein pied dans diverses formes de transformation digitale. Le secteur a vite été pris en main conjointement tant par les start-ups de la tech que par les laboratoires pharmaceutiques. Les autorités s’emparent également du sujet, ce qui donne une tournure très sécurisante pour les patients et consommateurs qui ont de quoi faire le tri. Alors, comment s’y retrouver ? Peut-on avoir confiance en ces entreprises, selon qu’elles permettent ou non un remboursement ? Faisons le point.

Les « thérapies digitales » ou DTx

Entendons-nous bien sur le terme « thérapie digitale », qui désigne quelque chose de précis.

Définition

« Digital Therapeutics », DTx, voici l’expression à la mode au sein de l’industrie médicale. Les applications et logiciels se reliant à l’univers de la santé sont légion, mais dans ce cas précis, il faut définir ce qui est reconnu scientifiquement : c’est dans ce cadre seul que le terme peut être utilisé.

Les DTx ou thérapies digitales sont donc des solutions numériques valant traitement, et dont l’utilisation est validée scientifiquement. Elles permettent, au même titre qu’une thérapie physique, la mise en place d’un accompagnement, de procédures de prévention et de traitement, sur prescription et ouvrant droit à remboursement par certaines mutuelles. La condition pour qu’un outil entre dans cette catégorie est bien sûr la validation scientifique, via un organisme certifiant.

Un secteur déjà bien rodé et en plein essor

Il est admis que la « naissance » des DTx, outre-Atlantique, correspond à la validation par la FDA (Food and drug Administration), en 2013, du système « Blue Star » portant une assistance numérique aux malades atteints de diabète de type 2. Il a été retenu que l’accompagnement d’une telle affection apportait une réelle plus-value du point de vue thérapeutique, et de réels avantages en lien direct avec le suivi médicamenteux et physique des patients. Depuis, la croissance du secteur apparaît comme très soutenue, surtout depuis la crise sanitaire qui a, dans l’univers de la santé comme ailleurs, agi comme un accélérateur de la transformation digitale.

Pour les années à venir, les perspectives de croissance sont de l’ordre de 20 %.
Les validations institutionnelles sont d’autant plus faciles à obtenir, pourvu que l’offre soit sérieuse, que les carences des systèmes de santé en termes d’effectifs physiques concernent souvent des pathologies relevant peu ou ne relevant pas de traitements pharmacologiques. C’est le cas par exemple, des thérapies comportementales ou encore des programmes physiques guidés.

Le dernier point recherché par les firmes élaborant ces outils, c’est un degré de reconnaissance tel que les remboursements de soins, à minima par des assurances privées, sont rendus possibles. Cela représente un marché très porteur, et les législations commencent à s’y intéresser de près : c’est le cas en Allemagne, où depuis 2020 il est possible d’obtenir un remboursement anticipé de certaines thérapies numériques.

Le fonctionnement d’une thérapie digitale : la Clinique e-sante, un bon exemple ?

Entreprise distribuant ses services en France, la Clinique E-sante cible un secteur parfaitement représentatif de besoins en nette augmentation depuis le début de la crise sanitaire : la psychothérapie.

Les promesses de l’entreprise

La plateforme centralise des professionnels de santé, psychothérapeutes diplômés dans des spécialités diverses. Cela offre des possibilités de traitement variées, et théoriquement ayant plus de chance d’être adaptées aux situations personnelles que la consultation d’un praticien de quartier pas toujours versé dans la spécialité recherchée.

 » Le site propose, à la suite de l’inscription, toute une batterie de tests destinés à peaufiner le profil du patient.  » : précise Alexandre Chombeau, Directeur Général, chez La Clinique E-sante. Ces tests initiaux peuvent être alimentés en continu par d’innombrables tests et questionnaires permettant d’aborder divers sujets sous diverses approches. A noter que les résultats de ces tests en eux-mêmes n’ont pas de valeur médicale. Ils offrent néanmoins une grille de lecture préalable, facilitant l’orientation du patient vers un praticien adapté. Le patient peut ainsi choisir un psychologue selon des critères déjà prédéfinis et personnalisés. Dès lors, il est possible de choisir le rythme de la thérapie, qui peut être hebdomadaire ou mensuelle. Ce rythme peut être choisi main dans la main avec le thérapeute, en fonction des besoins, et révisé si nécessaire. L’interactivité ne s’arrête pas à des tests, puisque le suivi inclut la possibilité d’échanges écris comme verbaux, à toute heure, ainsi que des sessions de groupe sur mesure via Zoom. Les utilisateurs soulignent le côté agréable du suivi, bien plus intensif qu’une séance hebdomadaire : en effet, une thérapie conduite sur une semaine peut inclure plusieurs échanges vocaux et écrits par jour, ce qui libère la parole de façon fluide et en éliminant certains paramètres émotionnels ou physiologiques liés à un rendez-vous unique.

Une approche « grand-public » et « bon marché », validée et prise en charge

On peut dégager trois axes assumés pour ce qui est de la promotion faite par une application telle que la Clinique e-santé.

Tout d’abord, une volonté délibérée de s’adresser au grand public se manifeste. Cela passe par le soin apporté à une interface soignée, mais aussi par l’aspect ouvertement ludique de certaines fonctionnalités. Les tests notamment, aboutissent à la présentation de diagrammes, camemberts et autres visuels, établissant certains détails de votre profil de personnalité.

Ensuite, l’argument pécuniaire, bien évidemment mis en avant. On parle tout de même d’une semaine de suivi thérapeutique autour de 57 €, donnant en outre accès aux ressources en ligne de façon illimitée. Pour rappel, une consultation hebdomadaire en cabinet coûte généralement entre 50 et 80 € selon les praticiens et les régions. L’application ne manque pas de rappeler qu’un suivi en cabinet n’inclut aucun suivi à distance, et que dans certains cas il y a un intérêt notable à pouvoir entrer en communication très rapidement avec son thérapeute.

Enfin, un des arguments phares rejoint la recherche de reconnaissance par le remboursement des entreprises du secteur : en effet, la plupart des grands groupes mutualistes et les assureurs privés ouvrent aujourd’hui les thérapies digitales à certains droits. Il s’agit bien sûr d’un argument choc, du point de vue financier bien sûr, mais aussi en termes de crédibilité, surtout si l’on considère la modicité initiale des tarifs.

Conclusion : doit-on se méfier de la connivence entre numérique et industrie médicale ?

Eh bien, non, pourvu que vous ayez bien conscience de ce à quoi vous avez affaire.

Il existe moult « applications de santé », souvent ludiques, généralement utiles en termes de coaching sportif par exemple, et qui peuvent rarement faire du mal. Les activités proposées ne peuvent en rien être prescrites, et elles n’ouvrent droit à aucun remboursement. Il ne s’agit pas non plus de dispositifs médicaux, et leur utilisation est entièrement de votre responsabilité.
Les plateformes de médecine digitale sont des outils d’accompagnement, d’aide au diagnostic ou encore des plateformes de télémédecine. Leur fonctionnement est soumis à validation des autorités, mais ne constituent en rien un traitement.

En revanche, si la technologie présentée relève de la  » thérapie digitale », tout en mettant en avant les caractéristiques précitées (prescription, remboursement, preuves de concept et études cliniques), il n’y a aucune raison de douter de leur efficacité. Dans le pire des cas, si vous doutez, consultez plusieurs avis de médecins en consultation physique. Ceux-ci, pratiquant souvent eux-mêmes la télémédecine, reconnaissent une utilité courante à ces technologies, développées et utilisées à bon escient.