Le groupe Renew Europe, dirigé par Sophie in ‘t Veld, une eurodéputée centriste, réclamait une enquête sur l’utilisation abusive de certains États membres de l’Union européenne du logiciel espion Pegasus, édité par la société israélienne NSO Group. Une commission d’enquête va être créée au Parlement européen pour tenter de faire toute la lumière sur cette affaire.

La Hongrie et la Pologne font partie des États membres à avoir utilisé Pegasus

C’est dans un tweet publié le 9 février que l’eurodéputée s’est félicitée de l’ouverture d’une enquête à ce sujet. Elle n’était pas la seule à militer pour que le Parlement européen se penche sur l’utilisation du logiciel espion Pegasus au sein même de l’Union européenne. « Le piratage des citoyens avec le logiciel Pegasus a eu lieu dans plusieurs pays de l’UE. En Pologne et en Hongrie, il a été utilisé contre des avocats, des journalistes, des propriétaires de médias indépendants et le directeur de campagne du plus grand candidat aux élections parlementaires », ont déclaré l’eurodéputée Roza Thun, membre de Polska 2050 en Pologne, et l’eurodéputée Anna Donáth, cheffe du parti Momentum en Hongrie.


En France, des traces de ce logiciel espion ont été retrouvées dans les smartphones de cinq ministres : Jean-Michel Blanquer, Jacqueline Gourault, Sébastien Lecornu, Emmanuelle Wargon et Julien Denormandie. Le téléphone portable d’Emmanuel Macron aurait même été dans le viseur des services secrets marocains. De nombreux gouvernements ont été accusés de mettre sur écoute des dissidents politiques et des journalistes. Le logiciel Pegasus permet d’accéder aux informations contenues dans un téléphone sans que son détenteur ne puisse s’en rendre compte. Il permet de lire les messages, regarder les photos, écouter les appels téléphoniques, ou même déclencher le suivi de la géolocalisation.

Vers l’interdiction des technologies de surveillance ?

L’ONU appelle à un moratoire au sujet des technologies de surveillance. Dans un communiqué de presse publié en août 2021, deux semaines après les révélations sur NSO Group, l’ONU déclarait ceci : « nous sommes profondément préoccupés par le fait que des outils intrusifs hautement sophistiqués sont utilisés pour surveiller, intimider et réduire au silence les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes et les opposants politiques ». À l’époque, Edward Snowden demandait également l’interdiction du commerce des logiciels espions. Selon le célèbre lanceur d’alerte, nous vivons dans un monde dans lequel aucun smartphone n’est à l’abri d’un piratage.

Récemment, c’est l’administration Biden qui a décidé de placer NSO Group sur liste noire. Malgré les bonnes relations diplomatiques entre les États-Unis et Israël, la Maison Blanche a décidé de frapper un grand coup en plaçant NSO Group sur liste noire, ainsi que trois autres sociétés, considérées comme « dangereuses » : Candiru, Positive Technologies et Computer Security Initiative Consultancy. Toujours aux États-Unis, Apple a porté plainte contre la société israélienne dans l’objectif « d’interdire à NSO Group de nuire davantage aux personnes utilisant les produits et services d’Apple ».