40 des 49 satellites lancés par SpaceX le 3 février dernier n’atteindront jamais leur destination à cause d’une tempête solaire. C’est la première fois que la constellation Starlink est impactée par un tel événement.

Les satellites n’ont pas pu être sauvés malgré les efforts des équipes Starlink

Le 29 janvier 2022, une importante éruption solaire, également connue sous le nom d’éjection de masse coronale, a été détectée à la surface de notre étoile. Cette éjection est parvenue jusqu’à la Terre aux alentours du 2 février, entraînant une tempête géomagnétique. La majorité des satellites envoyés par SpaceX en orbite basse le 3 février n’ont malheureusement pas pu échapper aux répercussions de ce phénomène.

En effet, les tempêtes solaires ajoutent de l’énergie cinétique aux particules de l’atmosphère terrestre. Par conséquent, l’atmosphère s’étend et gagne en densité. Cela accroît la traînée subie par les objets qui s’y déplacent, à l’instar des satellites, et réduit la taille de leur orbite, les rapprochant de la basse atmosphère dans laquelle ils se consument. « Les GPS embarqués suggèrent que l’escalade de la vitesse et de la gravité de la tempête a entraîné une augmentation de la traînée atmosphérique jusqu’à 50 % supérieure à celle des lancements précédents », explique SpaceX dans un billet de blog.

Si les équipes de Starlink ont placé les satellites en safe mode, c’est-à-dire qu’ils ont volé sur le côté pour minimiser la traînée et se protéger de la tempête, leurs efforts n’ont pas été suffisants. « Les analyses préliminaires montrent que l’augmentation de la traînée à basse altitude a empêché les satellites de quitter le mode de sécurité pour entamer des manœuvres d’élévation d’orbite, et que jusqu’à 40 des satellites rentreront ou sont déjà rentrés dans l’atmosphère terrestre », explique l’entreprise.

Les appareils seront donc consumés lors de leur entrée atmosphérique, SpaceX tient d’ailleurs à préciser que « les satellites désorbités ne présentent aucun risque de collision avec d’autres satellites et, de par leur conception, ils se désintègrent lors de la rentrée dans l’atmosphère, ce qui signifie qu’aucun débris orbital n’est créé et qu’aucune partie du satellite ne touche le sol ».

Une éruption solaire.

Le Soleil oscille entre des périodes d’hyperactivité et de quiétude. Image : NASA Goddard Space Flight Center / FlickR

Les tempêtes solaires vont être plus violentes dans les années à venir

Cet événement démontre les dangers qu’encourent les constellations de satellites se trouvant en orbite terrestre basse, qui vont en plus se faire bien plus nombreuses dans les années à venir avec un secteur spatial privé en plein boom. En outre, il est important de noter que le Soleil a un cycle de 11 ans au cours duquel il oscille entre des états d’hyperactivité et de calme ; il se dirige actuellement vers son pic qui devrait avoir lieu en 2025, les phénomènes tels que les tempêtes solaires devraient donc s’accroître et même se montrer bien plus violents durant cette période… Cela laisse supposer le pire pour les petits satellites évoluant en orbite basse.

La perte de 40 satellites peut paraître minime pour SpaceX, qui compte d’ores et déjà plus de 1 900 appareils en orbite et compte en envoyer des milliers d’autres avec l’objectif d’offrir un réseau Internet aux régions les plus reculées du monde. Elle représente toutefois une perte équivalent à 100 millions de dollars car, en plus des satellites, il faut également prendre en compte le prix du lancement par la fusée Falcon 9.

Les constellations comme Starlink de plus en plus critiquées

Selon Hugh Lewis, un expert en débris spatiaux à l’Université de Southampton en Angleterre interrogé par le New York Times, la perte de ces satellites est une « dure leçon » pour SpaceX. « J’espère que cela va les ramener à la raison », continue-t-il. En effet, il serait préférable pour la firme de prendre en compte la météorologie de l’espace, en plus des conditions climatiques sur Terre, avant d’opérer un lancement.

Les constellations de satellites suscitent de vives critiques de la part de la communauté scientifique : en plus d’augmenter le risque de collisions et de débris spatiaux en orbite, ils affectent directement l’observation du cosmos par les astronomes. D’ailleurs, un Centre pour la protection du ciel étoilé contre les interférences satellitaires a récemment été créé afin de solutionner ce problème grandissant.