Le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Zhao Lijian, a qualifié l’America Competes Act (le projet de loi sur la concurrence et le développement de l’industrie des semi-conducteurs) de « nouveau produit de guerre froide entre les États-Unis et la Chine ».

La Chine ne veut pas de l’America Competes Act

Le pays de l’Oncle Sam veut mettre 352 milliards de dollars sur la table pour stimuler la production et la recherche et le développement dans le domaine des semi-conducteurs. Un texte de 2 900 pages qui doit permettre aux États-Unis de rattraper leur retard sur l’Asie et plus particulièrement sur la Chine. L’America Competes Act prévoit de soutenir massivement l’industrie pour y parvenir. La réaction de Pékin ne laisse plus de place au doute : ce projet de loi va intensifier la rivalité technologique entre les deux grandes puissances mondiales.

En Chine, les médias d’État et plusieurs hauts responsables ont critiqué l’arrivée probable de l’America Competes Act. Ce projet de loi prévoit un financement de 52 milliards de dollars pour stimuler la production des semi-conducteurs sur le sol américain, de 45 milliards de dollars pour renforcer les chaînes d’approvisionnement, et de 250 milliards de dollars pour accélérer la recherche et l’innovation. Pas étonnant que ce projet de loi irrite Pékin. Il comprend des directives pour répondre aux préoccupations relatives aux violations présumées des droits de l’Homme au Xinjiang, à la répression de la démocratie à Hong Kong et aux tensions à Taïwan.

Ce projet de loi reflète une « mentalité de guerre froide » selon Pékin

Zhao Lijian a déclaré lundi 7 février 2022 que la Chine s’opposait fermement à l’America Competes Act parce qu’il est « empreint d’une mentalité de guerre froide, qu’il sape les voies et les politiques de développement de la Chine, qu’il défend la rhétorique de la concurrence avec la Chine et qu’il fait des remarques inopportunes sur Taïwan, le Xinjiang, Hong Kong et le Tibet ». Des remarques similaires à celles faites l’année dernière par Wang Wenbin, au moment de l‘adoption de l’US Innovation and Competition Act. Le domaine des semi-conducteurs est de plus en plus sensible.

Aujourd’hui, les États-Unis se trouvent dans une situation « alarmante ». Du début des années 1990 à 2020, la part des États-Unis dans la production mondiale de puces est passée de 37 à 12%. Elle devrait même encore baisser de 3% d’ici à 2030. À moins que le soutien des pouvoirs publics ne permette d’inverser la tendance. La Chine, quant à elle, devrait voir sa part de la fabrication de puces passer de 12% en 2020 à 28% en 2030. Les rivalités entre les deux grandes puissances mondiales se cristallisent depuis plusieurs mois autour de ce sujet.