Toshiba a revu ses plans de restructuration en annonçant qu’elle allait finalement se scinder en deux au lieu de trois. Avec ce changement, le conglomérat nippon espère calmer les véhémences de ses actionnaires étrangers, avec qui il entretient des relations conflictuelles depuis un petit moment.

Toshiba veut se scinder en deux

En novembre dernier, Toshiba expliquait ainsi vouloir se scinder en trois unités : la première se concentrant sur l’infrastructure, la deuxième sur les appareils électroniques et la troisième serait pensée pour gérer la participation de la société dans Kioxia, entreprise japonaise spécialisée dans la production de mémoire flash, ainsi que dans d’autres actifs.

Le nouveau plan de la firme, qui devrait s’achever totalement en mars 2024, consiste à se séparer de son unité « device », qui fabrique notamment des semi-conducteurs, secteur actuellement frappé par une très importante pénurie. L’objectif est de finaliser la scission d’ici mars 2024, cette dernière sera supervisée par le gouvernement japonais. « Toshiba est une entreprise qui possède des technologies importantes, notamment dans le domaine de l’énergie nucléaire et des semi-conducteurs, qui sont liées à la sécurité nationale et il est important que les entreprises soient maintenues et développées », a déclaré Hirokazu Matsuno, le Secrétaire général du Cabinet du Japon.

Selon Toshiba, cette nouvelle manière de faire va permettre de réduire les coûts et de faciliter les alliances stratégiques. Si le PDG de Toshiba, Satoshi Tsunakawa, assure que cette organisation n’a pas été pensée afin d’« éviter la confrontation avec les actionnaires », il semblerait que la réalité soit tout autre. Le Wall Street Journal explique en effet que certains actionnaires ont publiquement exprimé leur mécontentement à l’égard du plan annoncé en novembre, demandant des mesures plus fermes pour augmenter la valeur du conglomérat technologique, en difficulté depuis longtemps. Les actionnaires contestataires ont également affirmé qu’ils souhaitaient qu’il soit plus facile de bloquer tout plan jugé inadéquat.

Il a même été recommandé à Toshiba par l’un de ses actionnaires d’envisager d’autres solutions, comme la vente de l’ensemble de la firme à un investisseur privé.

Des relations conflictuelles avec les actionnaires étrangers

La restructuration de Toshiba a été décidée après une révision stratégique de cinq mois faisant suite à des années de scandales comptables et de problèmes de gouvernance qui ont sapé la confiance des investisseurs et ont vu la valeur boursière de l’entreprise diminuer de plus de moitié, précise Reuters. Depuis un scandale comptable survenu en 2015, la firme a connu des bouleversements répétés, tandis qu’une récente enquête commandée par les actionnaires a révélé que Toshiba s’était entendu avec le ministère japonais du commerce pour empêcher les investisseurs étrangers d’avoir une influence lors de son assemblée générale de 2020.

« Le problème central qui afflige Toshiba est le manque de confiance entre la direction et ses actionnaires, ce qui a entraîné quatre années de conflit prolongé. Le besoin même d’un actionnaire de soulever un point aussi évident, même après les échecs répétés de la gouvernance, ne fait qu’exacerber la situation », assure Farallon Capital Management LLC, actionnaire américain de Toshiba.

Toshiba a des difficultés

L’entreprise a également annoncé qu’elle allait mettre en vente ses activités dans le domaine des ascenseurs et de l’éclairage, et a déclaré qu’elle ne considérait plus Toshiba Tec Corp, qui fabrique des systèmes de point de vente et des copieurs, comme l’une de ses activités principales.

Les difficultés rencontrées par le conglomérat japonais ne datent pas d’hier. En 2020, il annonçait quitter le marché des PC portables après s’être fait dépasser par ses concurrents dans ce secteur. Reste à voir si sa restructuration sera acceptée par les actionnaires, qui doivent l’approuver avec plus de la majorité des voix.