La nouvelle était attendue, elle est officielle depuis ce 8 février, Nvidia ne rachètera pas ARM à SoftBank. L’opération initialement annoncée à 40 milliards de dollars en septembre 2020 a rencontré l’hostilité tant des industriels du secteur que des autorités de régulations du monde entier.
Le rachat de Nvidia a l’odeur de soufre
Dans un communiqué conjoint Nvidia et SoftBank ont fini par se résigner, « Les parties ont convenu de mettre fin à l’accord en raison d’importants défis réglementaires empêchant la consommation de la transaction, malgré les efforts de bonne foi des parties ».
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La perspective de voir le champion des GPU et des Accélérateurs d’IA mettre la main sur la propriété intellectuelle des puces présentes dans presque l’ensemble des smartphones et objets connectés n’a pas ravi le secteur.
Qualcomm, Microsoft et d’autres, ont émis des réserves face aux pouvoirs qu’auraient pu acquérir Nvidia. L’entreprise américaine aurait pu manipuler les prix licences ARM, restreindre l’accès à certaines technologies, récolter des informations sensibles sur eux, ses concurrents.
Les autorités de régulations ont également été promptes à réagir. L’autorité de la concurrence britannique, pays natal d’ARM, a ouvert une enquête en juin 2021, prolongée en novembre. La Chine a fait de même en annonçant des investigations exagérément longues.
Si tôt notifiée du rachat d’ARM par Nvidia, la Commission européenne a embrayé fin octobre 2021. La Federal Trade Commission (FTC), aux États-Unis, a rejoint la fête en décembre 2021 en engageant des poursuites en justice pour bloquer l’opération.
Nvidia et SoftBank avaient anticipé ces difficultés en se donnant 18 mois de délai, un temps anormalement long, pour conclure leur accord. À l’approche de l’échéance, en mars 2022, sa concrétisation paraissait compromise.
SoftBank prépare l’introduction en bourse d’ARM
SoftBank va conserver 1,25 milliard de dollars prépayés par Nvidia. L’entreprise américaine se consolera avec une licence ARM de 20 ans. Beau joueur, le PDG de Nvidia, Jensen Huang a déclaré, « ARM a un avenir brillant, et nous continuerons à les soutenir en tant que fier licencié pour les décennies à venir ».
Cet avenir pour ARM devrait rimer avec marché boursier. L’entreprise britannique a quitté la bourse en 2016, après y être entrée en 1998, à la suite de son acquisition par SoftBank pour 32 milliards de dollars. Elle devrait y retourner d’ici le 31 mars 2023.
Le PDG de SoftBank, Masayoshi Son, sur la même longueur d’onde que Jensen Huang, estime que le cloud, l’automobile, les objets connectés et le métavers ouvrent de nombreuses perspectives à ARM et a décidé de « saisir cette opportunité et commencer à préparer l’entrée en bourse d’ARM ».
Le PDG historique d’ARM, Simon Segars, a quitté la place qu’il occupait depuis 30 ans, face aux exigences de la préparation d’une introduction en bourse. Il a été remplacé par René Haas, haut cadre de l’entreprise, un ancien de Nvidia. C’est lui qui sera chargé de préparer l’avenir de l’entreprise britannique.