Le Fonds Monétaire International (FMI) a décidément du mal avec le choix du Salvador de faire du Bitcoin une monnaie officielle au côté du dollar américain. Dans un communiqué publié le 25 janvier dans le cadre de la discussion du conseil d’administration sur l’évaluation économique annuelle du Salvador, l’organisation internationale a de nouveau appelé le pays à renoncer à cette décision.

La volatilité du Bitcoin attise la méfiance du FMI

Pour le FMI l’adoption en septembre 2021 du Bitcoin comme monnaie officielle, le seul pays au monde à être allé aussi loin, est très inquiétante. L’organisation estime que « L’adoption d’une cryptomonnaie comme monnaie légale comporte de grands risques pour l’intégrité financière du marché, la stabilité financière et la protection des consommateurs ».

Cette position n’est pas nouvelle, à l’image de la Banque mondiale qui a refusé d’aider le Salvador à faire du Bitcoin une monnaie officielle, le FMI a tout fait pour mettre des bâtons dans les roues aux projets du président du pays, Nayib Bukele. La demande d’un prêt de 1,3 milliard de dollars auprès de l’institution serait bloquée à cause de la cryptomonnaie.

En novembre, l’institution pointait la forte volatilité du Bitcoin pour inciter le Salvador à renoncer à la cryptomonnaie. Force est d’admettre que l’actualité a donné raison à l’institution. Le Salvador a commencé à acquérir du Bitcoin en 2021, environ 1801, lorsque sa valeur était à 50 000 dollars. Après un pic à près de 70 000 dollars en novembre, le cours a chuté de 45%. Selon les calculs de Bloomberg, le Salvador a perdu près de 20 millions de dollars.

Il en faut plus pour convaincre Nayib Bukele de renoncer. Sur Twitter le président de 40 ans a annoncé le 21 janvier avoir acquis 410 nouveaux Bitcoins pour 15 millions de dollars, afin de profiter de la baisse de valeur. Une opération qualifiée de « bon marché » par Nayib Bukele qui a lié le succès de sa politique à sa décision de reconnaître le Bitcoin.

Certains administrateurs du FMI se sont également dits « préoccupés par les risques liés à l’émission d’obligations adossées à des bitcoins ». Le Salvador a pour projet de lever un milliard de dollars en « obligation Bitcoin », avec l’aide de Blockstream, une société d’actifs numérique.

Tout ne va pas si mal au Salvador

Le FMI note cependant quelques bons points dans les innovations apportées par le président salvadorien. Chivo, un portefeuille numérique adopté en juin 2021, en prévision de l’officialisation du Bitcoin, est perçu comme une bonne chose, « Les administrateurs conviennent de l’importance de stimuler l’inclusion financière et notent que les moyens de paiement numériques, tels que le portefeuille électronique Chivo, pourraient jouer ce rôle ».

Il permet à 70% des Salvadoriens exclus du système bancaire d’accéder à des services financiers. Le paiement sans frais et la vitesse des paiements transfrontaliers sont également un argument de poids : 24% du PIB du pays repose sur les transferts d’argents de sa diaspora.

CNBC pointe cependant de nombreuses plaintes pour usurpation d’identité. Pour promouvoir Chivo, le gouvernement du Salvador a décidé d’offrir 30 dollars en Bitcoin pour ouvrir un compte. De quoi aiguiser les appétits. Sur ce point, le FMI demande au gouvernement de mettre en place une réglementation stricte pour assurer la sécurité du système. L’institution aura peut-être plus de chance d’être entendue sur ce point que sur ses exhortations à abandonner le Bitcoin.