Quatre procureurs généraux américains ont attaqué Google en justice le 24 janvier. Ils accusent Mountain View d’avoir collecté les données de géolocalisation de leurs utilisateurs malgré leur refus. Ils reprochent également à l’entreprise d’utiliser des astuces de conceptions pour influer leurs décisions. Google dément.

Google suivrait subrepticement ses utilisateurs

La plainte déposée par les procureurs de Washington D.C., Washington, Indiana et du Texas allègue que, « en réalité, les consommateurs qui utilisent les produits Google ne peuvent pas empêcher Google de collecter, de stocker et de tirer profit de leur localisation ».

Au centre de leur reproche, le fait que lorsque les utilisateurs activent sur Android ou leur compte Google sur iPhone l’option coupant la géolocalisation, l’entreprise continue à les collecter et stocker des informations par d’autres biais. Selon l’action en justice « Les descriptions trompeuses, ambiguës et incomplètes de ces paramètres par Google garantissent que les consommateurs ne comprendraient pas quand leur localisation est collectée et conservée par Google, ni à quelles fins ».

Google passe par d’autres de ses services, par exemple YouTube, la connexion WiFi, le Bluetooth ou ses partenaires commerciaux pour passer outre le consentement des usagers. Couper la géolocalisation par ces biais est possible, mais laborieux.

Une affaire qui remonte à 2018

Cette pratique a été mise au jour par le média américain Quartz dès 2017 et concerne les années 2014 à 2019 au moins. Un an plus tard, Associated Press a enrichi ces révélations, poussant les procureurs à entreprendre leur enquête.

En vertu des lois sur la protection des consommateurs de leurs États, ils demandent à la justice que Google cesse immédiatement et que l’entreprise rembourse aux utilisateurs lésés par les revenus publicitaires générés par la collecte de ces données. Selon le Washington Post, ils espèrent également que Mountain View soit amendée.

Un porte-parole de l’entreprise a répliqué en estimant que la plainte des procureurs est basée sur des « déclarations inexactes et d’affirmations dépassées concernant nos paramètres ». Il a affirmé, au contraire, « Nous avons toujours intégré des fonctions de protection de la vie privée dans nos produits et fourni des contrôles solides pour les données de localisation ».

La longue guerre des procureurs généraux

Ces dernières années les procureurs généraux des États américains sont entrés en guerre contre le géant du numérique. Une procédure antitrust a été lancée contre les pratiques de Google Play, une autre contre la position dominante du moteur de recherche de Mountain View.

Une autre plainte concerne l’utilisation anticoncurrentielle des technologies publicitaires de l’entreprise. Google s’est défendu dans cette dernière affaire le 21 janvier. Il estime la plainte dépassée, que ses produits améliorent en réalité la concurrence et que l’accord passé avec Facebook n’a pas nui à la concurrence.

Il s’agit de la première contre-attaque majeure de Google sur l’ensemble de ces procédures. L’affaire doit être jugée en 2023. La nouvelle bataille ouverte par les procureurs généraux s’annonce, elle aussi, de longue haleine.