Malgré un changement récent de nom censé mettre les scandales aux oubliettes, Meta est une fois de plus dans le viseur des autorités américaines. Cette fois, la Federal Trade Commission (FTC) s’intéresse à la division de réalité virtuelle du géant de la tech, anciennement connue sous le nom d’Oculus.

Des pratiques douteuses dans le magasin d’applications Oculus

L’agence fédérale ainsi que les procureurs généraux de l’État de New York, du Tennessee et de la Caroline du Nord sont actuellement en train d’enquêter sur de potentielles pratiques anticoncurrentielles de la part de Meta, qui a racheté Oculus pour 2 milliards de dollars en 2014. Les enquêteurs s’intéressent notamment au prix du casque Oculus Quest qui a été fixé à 299 dollars, soit bien en dessous des montants proposés par les concurrents directs de l’entreprise, à l’instar de HTC ou de Sony.

Le média Bloomberg rapporte que pour mener à bien leur investigation, les membres de la FTC s’entretiennent avec des développeurs qui mettent au point des applications disponibles sur le magasin d’applications d’Oculus. Les enquêteurs se demandent notamment si ce magasin d’application exerce des pratiques discriminatoires envers les applications tierces afin de mettre en avant les produits développés par Meta… et il semblerait que la réponse soit affirmative.

Un développeur du nom de Guy Godin, qui possède une application desktop permettant de streamer depuis un PC sur un casque VR, a ainsi livré un témoignage mettant à mal Meta. Selon lui, la firme de Zuckerberg lui a ordonné de supprimer une fonctionnalité qui permet aux utilisateurs de diffuser des jeux PC sur l’Oculus Quest au risque de supprimer son application du store. Peu de temps après, Meta commercialisait le câble Oculus Link, qui offre une capacité similaire. Un autre développeur baptisé Cix Liv a expliqué que son application de suivi de condition physique lancée en 2019 avait été ciblée par Meta à travers une mise à jour logicielle l’empêchant de fonctionner dans les jeux.

Oculus Move, une application « permettant de mesurer le nombre de calories que vous brûlez et la durée de votre activité physique sur tous les jeux ou toutes les applications en VR » était déployée peu de temps après.

Les logos de Facebook et de Meta.

Fin 2021, Facebook devenait Meta pour montrer son ambition dans le métavers. Illustration : Dima Solomin / Unsplash

L’étau se resserre sur Meta

Aujourd’hui, Oculus est incontestablement le leader dans le domaine des casques de réalité virtuelle. Les casques de la société ont représenté 75 % des expéditions mondiales de casques de réalité virtuelle au premier trimestre 2021, contre 34 % l’année précédente, selon la firme spécialisée Counterpoint Research. Par ailleurs, il faut savoir que le magasin d’application de la firme fonctionne de manière similaire au Play Store de Google et à l’App Store d’Apple : Meta empoche une commission de 30 % sur les achats qui y sont effectués. Il s’agit là d’un fait intéressant, car Meta est une fervente opposante à la taxe de 30 % imposée par Apple…

Cette enquête menée par la FTC n’est pas la première visant Oculus. Fin 2020, le département de la justice des États-Unis a également lancé des investigations pour des faits similaires à l’encontre de la branche VR de Meta ; les autorités allemandes ont, elles aussi, annoncé enquêter sur la firme pour ses règles controversées concernant les comptes Oculus. Par ailleurs, la FTC a récemment dévoilé qu’elle lançait une enquête sur le rachat par Meta de la startup Within, à l’origine de l’application de fitness VR Supernatural.

L’entreprise de Mark Zuckerberg est, de manière plus globale, ciblée par les régulateurs du monde entier. Fin 2020 aux États-Unis, elle était inculpée pour abus de position dominante par rapport aux rachats d’Instagram et de WhatsApp. Après moult rebondissements, l’action en justice a pu reprendre son cours la semaine dernière suite à la décision d’un juge fédéral. Si la FTC gagne son procès, Meta risque de devoir se séparer d’Instagram et de WhatsApp.

Le déploiement du métavers affecté ?

Pour en arriver là néanmoins, la FTC a un énorme chemin à parcourir et il est loin d’être probable qu’elle parvienne à ses fins. Il faut néanmoins se méfier de l’agence fédérale et de sa nouvelle dirigeante, Lena Khan ayant un plan bien précis pour réguler les big tech : elle veut s’attaquer aux « causes profondes » et repenser certains modèles commerciaux qui peuvent permettre aux géants du web de violer la loi.

Ces démêlés avec la justice risquent de compliquer le déploiement du métavers par Meta. Considéré comme la future itération d’Internet, ce concept mêlant réalité augmentée et virtuelle est au cœur des ambitions de l’entreprise pour l’avenir.