La Competition and Markets Authority (CMA), l’autorité de la concurrence britannique, a publié le 10 janvier un document (pdf) co-rédigé par Nvidia et Arm. Les deux entreprises défendent le projet d’acquisition de la seconde par la première, en niant les risques que ferait peser l’opération sur le marché des semi-conducteurs.
Nvidia et Arm dénoncent une image romancée de l’entreprise britannique
Ce plaidoyer de 28 pages s’inscrit dans l’enquête de phase 2 de la CMA. Après une première phase aux conclusions défavorables pour le rachat d’Arm par Nvidia, la ministre britannique du numérique et de la culture, Nadine Dorries, avait demandé le déclenchement de cette nouvelle étape de procédure sur le rachat en novembre.
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Nvidia s’était félicité d’avoir ainsi l’opportunité de se défendre de toute accusation de nuisance à la concurrence. L’entreprise américaine ne s’est pas fait prier, dans l’espoir de conclure un jour l’opération estimée à 40 milliards de dollars lors de son annonce en septembre 2020.
Lorsque les régulateurs britanniques redoutent que Nvidia bloque l’accès à certaines licences de puces Arm à ses concurrents, l’entreprise pointe une incohérence économique. Elle explique que « essayer d’exclure les licenciés d’Arm réduirait immédiatement les revenus de licence d’Arm, ce qui porterait immédiatement préjudice à l’investissement de Nvidia. Aucune entité économiquement rationnelle, cotée en bourse, n’adopterait une telle stratégie autodestructrice ».
L’autre soupçon important du point de vue de la concurrence est que Nvidia limite le développement de licences conception de puces d’Arm à celle intéressante pour elle. L’entreprise américaine dénonce une image romancée de l’entreprise installée à Cambridge.
Arm aurait des bénéfices stables et des coûts croissants, ce qui menacerait sa rentabilité d’ici à 2030. Les investissements consentis par Nvidia pourraient pérenniser l’activité d’Arm. Elle balaie l’idée d’une introduction en bourse comme une solution, « SoftBank [actuel propriétaire d’Arm] a envisagé et rejeté une introduction en bourse en 2019 et à nouveau au début de 2020 parce que les marchés ne lui donneraient pas le retour nécessaire sur son investissement ».
Le temps presse…
Fait notable, le document remis par Arm et Nvidia à la CMA ne mentionne pas le deuxième volet de l’enquête demandée par Nadine Dorries : la sécurité nationale. En période de pénurie, le secteur des semi-conducteurs est sur le devant de la scène. Le pouvoir britannique veut montrer qu’il agit pour conserver sa souveraineté dans le domaine après l’affaire du rachat du fabricant de puces Newport Wafer Fab.
Nvidia et Arm, confrontés à des enquêtes de la Federal Trade Commission aux États-Unis, de la Commission européenne et de la suspicion des autorités chinoises, semblent vouloir répondre le plus largement possible.
Les deux entreprises s’étaient accordées jusqu’à mars 2022 pour conclure l’opération. Un délai qui apparaît intenable au vu de l’accumulation de procédure à travers le monde. Nvidia n’en démord pas, mais l’affaire est toujours aussi mal embarquée. L’enquête de la CMA lancée en novembre doit durer 24 semaines en tout.