Le timing du Financial Times est parfait ou presque. Le journal britannique a publié une interview d’Elon Musk sur l’encombrement de l’orbite terrestre basse par Space X, juste après la révélation d’une plainte de la Chine auprès de l’ONU pour avoir dû éviter des satellites de Starlink.

Elon Musk répond à l’ESA

Dans cet article, probablement basée sur une interview antérieure à la publication de la démarche chinoise, Elon Musk répond à une autre critique, provenant de Josef Aschbache, directeur général de l’ESA, l’agence spatiale européenne. Toujours dans le Financial Times, ce dernier avait dénoncé la précipitation de Space X à lancer sa constellation Starlink début décembre.

Il y regrettait que Space X « établît les règles » en matière d’espace ces dernières années. Selon lui les nombreux satellites Starlink réduisent le nombre de fréquences radio et de créneaux orbitaux disponibles.

Space X a envoyé environ 1900 satellites et dispose de l’autorisation des États-Unis d’en expédier 12 000 en tout. Elon Musk espère, à terme, atteindre 42 000 appareils en orbite. Pour Josef Aschbacche une action internationale concertée sur l’entreprise phare du New Space est nécessaire avant que l’encombrement de l’espace ne devienne ingérable.

Elon Musk lui a répondu avec une certaine légèreté. L’homme le plus riche de la planète, a répliqué que « L’espace est juste extrêmement énorme, et les satellites sont très petits ». Il conteste que Space X bloque de quelques que manières que ce soit d’autres acteurs de l’aventure spatiale.

Les satellites même combat que les voitures ? Vraiment ?

Également fondateur de Tesla, Elon Musk a pris en référence les 2 milliards de véhicules circulants sur Terre, « Quelques milliers de satellites, ce n’est rien. C’est comme, « hé, voici quelques milliers de voitures sur Terre » ce n’est rien ».

Problème, l’espace n’est pas une autoroute où les deux bandes blanches de la sécurité routière suffisent comme distance de sécurité en cas d’imprévu. Jonathan McDowell, astrophysicien au Harvard-Smithsonian, a expliqué au Financial Times qu’un satellite se déplace à 27 000 km/h. En conséquence, « Pour de nombreux utilisateurs de l’espace, la planification d’une manœuvre d’évitement prend au moins des heures, voire des jours, ce qui suggère que l’espace est déjà trop encombré ».

La situation n’est pas partie pour s’améliorer. Au-delà de Space X, pionnier donc nécessairement pointé du doigt, des projets de constellations pour fournir internet au monde entier se multiplient.

Une concertation internationale s’impose sur l’encombrement de l’espace

OneWeb, soutenue par le Royaume-Uni, le français Eutelsat et un groupe indien dirigé par Sunil Mittal, est déjà en train d’envoyer ses 650 appareils. Amazon doit mettre en œuvre Kuiper. La Chine et l’Union européenne réfléchissent également à lancer leur propre constellation.

L’espace est vaste et la place n’y manque pas certes, mais le manque de coordination internationale sur la gestion du trafic des satellites créer un encombrement, aggravé par la multiplication de débris spatiaux. Pour que chacun puisse avoir sa constellation, il va falloir passer par la concertation.