Depuis l’affaire Didi en juin, la Chine souhaite contrôler plus fermement les entreprises souhaitant s’introduire en bourse à l’étranger. Sans aller jusqu’à interdire purement et simplement cette possibilité, le pays complexifie drastiquement le processus, rapporte Bloomberg.

La fin annoncée des VIE ?

En Chine de nombreux secteurs de l’économie ont été placés sur une liste noire. Les entreprises concernées ont théoriquement l’interdiction de solliciter des investissements venant de l’étranger. Recenser les secteurs autorisés serait probablement moins fastidieux, sur la liste se trouve l’agriculture, l’industrie manufacturière, le commerce de gros et de détail, les transports, la recherche… Et les services de logiciels et technologies de l’information.

Il est possible d’obtenir une dérogation pour passer outre cette prohibition. Le 27 décembre la Commission nationale du développement et de la réforme ainsi que le ministère du Commerce ont décidé de durcir les conditions d’obtention de ces passe-droits. Les investisseurs étrangers n’auront pas le droit de participer à la gestion de l’entreprise, la participation étrangère sera limitée à 30% et un investisseur unique ne pourra pas posséder plus de 10% des actions.

Les entreprises chinoises ont trouvé de longue date la parade pour éviter les barrières à l’entrée en bourse à l’étranger. Elle passe par des VIE, des entités à intérêt variable. La société transfère ses bénéfices vers une entité offshore qui propose ensuite aux investisseurs étrangers d’en acquérir des actions. Cette solution a notamment été adoptée par Alibaba ou Tencent.

Il a été question un temps d’interdire les VIE, finalement la Chine préfère vider cette voie indirecte de sa substance. La Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières a proposé le 24 décembre d’imposer à toutes les entreprises souhaitant s’introduire en bourse à l’étranger de s’enregistrer auprès d’elle. Elle deviendrait une autorité régulatrice, décidant si telle ou telle introduction en bourse constitue une menace pour la sécurité nationale.

Ces mesures s’ajoutent à l’examen de cybersécurité mise en place suite à l’introduction en bourse de Didi fin juin. Toute entreprise entamant des démarches similaires à Didi ayant plus d’un million d’utilisateurs doit se soumettre à cette procédure.

La Chine veut conserver ses entreprises

Dans la même période, en juillet 2021, la Securities and Exchange Commission a annoncé vouloir sévir contre les VIE chinoises. L’autorité américaine de régulation des marchés boursiers veut mettre en place une loi pour obliger les entreprises étrangères à lui ouvrir ses livres de comptes. De quoi conforter la méfiance de Pékin.

La situation réglementaire instable en Chine et dans une moindre mesure aux États-Unis, a déjà dissuadé quelques start-up à s’introduire en bourse. Bloomberg mentionne l’entreprise de podcast Ximalaya ou la plateforme lifestyle Xiaohongshu. Si des rumeurs évoquaient l’arrivée de ByteDance, la maison mère de TikTok, à New York, l’entreprise les a fait taire.

Début décembre Didi a annoncé officiellement son départ de la bourse de New York au bénéfice de celle de Hong Kong. Cet exemple est très particulier, mais l’attitude de la Chine laisse à penser à un repli sur soi sur fond de tension avec les États-Unis ou à la certitude que ses entreprises n’ont plus besoin de capitaux américains. La vérité est probablement quelque part entre les deux.