La Chine a déposé une plainte (pdf) auprès des Nations Unies le 6 décembre, à la suite de manœuvres de sa station spatiale, Tianhe, pour éviter des satellites du programme Starlink de Space X. Zhao Lijian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères de l’Empire du Milieu, a sommé les États-Unis de « prendre des mesures immédiates pour empêcher que de tels incidents ne se reproduisent » le 28 décembre.

Pour la Chine les États-Unis sont responsables des actes de Space X

Les faits se seraient produits le 1er juillet 2020, quelques jours après l’arrivée de trois Taïkonautes à bord de la station Tianhe et le 21 octobre 2021. Le premier incident est lié à un changement d’altitude d’un satellite de Space X, de 555 kilomètres à 382 kilomètres. La seconde manœuvre a été exécutée après plusieurs changements de trajectoire non prévisible d’un second satellite. Space X n’a pas commenté.

La Chine a déposé sa plainte en vertu du Traité sur l’espace extra-atmosphérique de 1967. Ce texte régit le comportement des États dans l’exploration spatiale. Il englobe un ensemble de règles sur le lancement d’engin spatial, l’interdiction de placer des armes nucléaires en orbite… Et la responsabilité des actions engagée dans l’espace.

C’est un point sur lequel insiste la Chine à propos des incidents avec Space X : la responsabilité directe des États-Unis. Le pays rappelle que « les États partis au Traité assument la responsabilité internationale des activités nationales dans l’espace extra-atmosphérique, y compris la lune et les autres corps célestes, que ces activités soient menées par des organismes gouvernementaux ou par des entités non gouvernementales ».

À en croire la plainte, la Chine considère le programme Starlink de Space X comme une menace pour « la vie ou la santé des astronautes ». En introduction elle mobilise l’article V du traité, imposant aux États signataires de signaler tout phénomène dangereux dans l’espace.

Une orbite terrestre de plus en plus encombrée

Space X prévoit d’envoyer à terme 12 000 satellites en orbites terrestres basses pour fournir un service internet. 1800 appareils sont déjà en orbite. Cette constellation suscite des inquiétudes dans la communauté scientifique de longue date. Initialement des astronomes ont expliqué que les satellites perturbaient leurs observations.

Le risque de collision est également redouté. Jonathan McDowell, du Centre d’astrophysique Harvard-Smithsonian aux États-Unis a confirmé à l’AFP, « Nous avons constaté une augmentation du nombre de risques de collision depuis le début du déploiement de Starlink ». Les satellites de Space X disposent de programme autonome pour éviter débris ou autres appareils en orbite.

La Chine n’a pas formulé de demande de réparation précise. Elle a surtout prié le secrétaire général de l’ONU de rappeler aux pays leurs obligations en matière de droit international de l’espace.

La plainte chinoise apparaît tout à fait légitime, mais la Chine n’est pas seulement victime de l’encombrement spatial, elle en est aussi en partie responsable. En 2007 l’Empire du Milieu a détruit l’un de ses satellites avec un missile, créant des milliers de débris. Débris que la Station Spatiale Internationale a déjà dû éviter.

Les États-Unis et plus récemment l’Inde, en 2019 et la Russie en 2021, ont mené des opérations similaires aggravant l’accumulation de débris spatiaux en orbite. Entre ces débris et la multiplication des projets de constellations, il serait temps de mettre de l’ordre au-dessus de nos têtes.